dimanche 14 décembre 2008

Rêve et Transfert

En mettant en scène les scénarios internes et les fantasmes du sujet concernant ses objets internes et leurs interrelations, le rêve illustre la relation transférencielle vécue par l'enfant au cours de sa psychothérapie.

Les concepts du contenant-contenu, d'identification projective et de fonction alpha proposés par Klein (1946) et Bion 1962) et approfondis par Meltzer (1984b) permettent d'entretenir le processus transférentiel et ses manifestations oniriques selon une perspective plus large et plus complexe.

Décrivant l'interaction mère-enfant, Meltzer (1984b) trace un parallèle entre ce qui est vécu au sein de la relation maternelle et ce qui est vécu dans le couple thérapeute-patient.

Ainsi l'enfant, aux prises avec une angoisse intolérable, ressent le besoin de projeter dans la mère cette angoisse afin de s'en soulager lorsque la mère peut s'identifier à cette angoisse et la tolérer, elle joue pour son enfant un rôle de contenant de l'angoisse psychique. Grâce à sa propre capacité de penser ( à sa fonction alpha) et à son désir de réparation, elle cherche à offrir à son enfant une réponse satisfaisante à cette angoisse afin de la soulager - lorsque ce processus de communication entre la mère et l'enfant réussit, ce dernier peut reprendre en lui, maintenant transformée en une forme tolérable, pensable, la partie de sa personnalité d'abord projetée hors de lui dans sa mère. S'identifiant à sa mère et à son produit "pensé", l'enfant pourra reprendre en lui un self réparé, décontaminé, tout en s'identifiant à la capacité maternelle de réparation. En reprenant ce jeu des identifications projectives entre le parent et l'enfant pour l'appliquer au processus thérapeutique, Meltzer (1967) décrit avec soin le processus par lequel le patient vient déposer chez le thérapeute des parties clivées et angoissantes de lui-même. Le simple processus de décharge de ces parties procure certes un soulagement au patient mais à moins de pouvoir profiter de la réintrojection de ces parties décontaminées le soulagement ressenti est bien éphémère. Aussi, le thérapeute doit-il à la fois survivre à cette décharge de projectionner et réussir à digérer, à penser et transformer ces contenus angoissants pour que, selon Meltzer (1967), ces projections deviennent digestibles et assimilables par le patient.

En ce sens, les productions oniriques apparaissent parfois en psychothérapie comme des projections massives de parties clivées angoissantes dont l'enfant cherche à se débarrasser en les expulsant chez le thérapeute. Souvent, l'enfant refusera d'élaborer ou d'associer sur son rêve et cherchera plutôt à s'en éloigner affectivement et à se distancer du même coup du thérapeute qui devient alors à ses yeux, dépositoire de parties clivées dangereuses. Des réactions d'angoisse suivent d'ailleurs souvent le moment de soulagement ressenti par l'enfant qui a relaté son cauchemar en psychothérapie, comme si secondairement, il se sentait de nouveau replongé dans une atmosphère dangereuse de son rêve. Par son interprétation du rêve, le thérapeute remplit alors la fonction alpha décrite par Bion (1962) et Meltzer (1967) en rendant pensable et digestible le contenu angoissant expulsé de par la narration même du rêve.

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