TYPE D’AUTORITÉ
Nos données font ressortir trois types différents, c’est-à-dire trois façons différentes de jouer son rôle d’autorité. Une bonne proportion des mères géraient les affaires de la famille, et prenaient les décisions sans consultation ou sans considération des opinions des autres ; nous les désignons comme dominatrices. Une autre portion de mères adoptaient une attitude de laisser-faire, laisser-dire, et elles ne participaient pas aux décisions ; leur rôle était passif. Enfin un troisième groupe se situe entre les deux extrêmes c’est-à-dire que tantôt elles sont passives (refusent de prendre des décisions) et tantôt dominatrices (refusent d’accepter les décisions prises par d’autres). Nous les classons comme des inconstantes.
En comparant avec l’étude de Lisansky nous constatons une proportion plus grande de mères dominatrices ; elle en avait 29% tandis que nous atteignons 64.7%. Sans doute y a-t-il le jeu du plus grand nombre de sujets qu’elle avait interrogé. Aussi ses catégories n’étaient pas exactement les mêmes. Cependant on peut reconnaître là l’influence du climat culturel canadien français teinté de matriarcat.
Ce qui importe pour nous c’est de savoir quelle relation d’autorité existait habituellement entre la mère et les enfants, et surtout comment nos sujets l’ont perçu. Nous pouvons dire à la suite de Massot que pour la plupart, la relation était hostile avec la mère qu’on considérait comme agressive et sévère.
ATTITUDE AFFECTIVE ENVERS L’ENFANT
L’importance de la qualité de cette attitude provient surtout du fait qu’elle contribue beaucoup à créer un climat de sécurité et de stabilité, indispensable pour un développement normal de la personnalité.
Nous avons découvert 4 types de mères dans nos données. Il y a les mères démonstratives ou acceptantes : elles aiment la présence de l’enfant, le considère comme une personne, parlent avec fierté de son caractère et de ses activités, lui montrent ouvertement leur affection. Ces mères satisfont au besoin de dépendance et de sécurité de l’enfant.
À côté de cela, il y a les mères passives, qui ne montrent pas leur affection, qui sont peu démonstratives mais acceptent ou approuvent généralement les témoignages fournis par l’enfant. Nous trouvons les mères rejetantes, celles qui ridiculisent, qui sont dures avec les enfants, qui n’ont jamais le temps pour bercer, embrasser, encourager. Enfin nous rencontrons les mères alternatives, c’est-à-dire dont l’attitude varie entre l’acceptation et le rejet. Elles créent l’insécurité chez les enfants qui reçoivent une satisfaction irrégulière pour des conduites analogues.
Les deux dernières attitudes ont crée le plus grand nombre d’alcooliques. La mère rejetant comme la mère alternative le furent en même temps…
… les réponses nous sont données sans hésitation. De plus, les tentatives d’interprétations qu’elles nous ont données se résument à ceci : ma mère ne comprenait rien et elle n’avait pas le temps pour dialoguer avec nous.
Il apparaît donc moins étonnant que ces femmes aient quitté le foyer paternel entre 16 et 19 ans à cause de l’ennui et du besoin de liberté. Et cela dans une proportion de 10 sur 17.
Après avoir quitté le foyer, ces femmes à leur tour sont devenues mères. C’est donc la famille de procréation que nous allons examiner brièvement la façon dont elles ont joué leur rôle de mère. Notons immédiatement que 5 femmes n’ayant pas eu d’enfants ce rôle n’a pas été exercé de façon concrète. Cependant deux d’entres elles conservent un grand désir et furent peiné de cette privation. Comme pour la famille d’orientation nous examinerons quel type d’autorité ces femmes ont exercé auprès de leurs enfants.
Les femmes avaient souffert d’avoir des mères dominatrices et elles font supporter à leurs enfants les mêmes carences. Est-ce là le résultat de la frustration de la relation avec leur mère ? Ou bien est-ce la conséquence de l’influence socialisatrice de la mère qui n’aurait montré à sa fille que l’image d’une femme dominatrice et forte ? Sans doute les deux hypothèses sont-elles valables mais laquelle est la plus plausible dans les cas présents. Nous l’ignorons pour le moment. Seule une étude plus approfondie d’autres phénomènes environnants pourrait peut-être permettre une conclusion valable. Ici nous nous bornons à constater le fait.
Comme il est généralement admis que les alcooliques possèdent des carences affectives, nous avons voulu voir comment nos femmes se comportaient avec leurs enfants à ce niveau. La seule information valable fut la suivante : 5 mères sur les 12 sont possessives, 11 sont incapables de répondre et les 3 autres se reconnaissent comme négligentes et capricieuses. La plupart admettent être changeantes et soumises à leurs instincts.
Ces caractéristiques se rapprochent de celles de Fox Ruth : « l’alcoolique est un égocentrique qui cherche à répondre à ses propres besoins pour trouver des gratifications personnelles ».
Mais d’où provient ce besoin outré de gratifications personnelles ? D’une suite de privations durant l’enfance ou d’une déficience psychologique innée ? En ce qui concerne nos sujets, le premier aspect semble être plus marquant que le second.
* à suivre *
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