La conscience morale
Quelle confiance pouvons-nous accorder au témoignage spontané de notre conscience morale?
C’est un fait d’expérience qu’il existe en chacun de nous une puissance judicielle qui entend statuer sur la valeur morale de nos actions et de celles de nos semblables. Elle peut s’exercer avant l’acte comme législateur et guide, et après l’acte comme juge, rémunérateur ou bourreau. Elle s’exerce aussi soit de façon réfléchie, après mûre délibération, soit le plus souvent avec spontanéité prime-sautière et vraiment impressionnante.
Ce dernier caractère nous amène tout naturellement à poser la question de valeur pour ce « dictamen » spontané et comme intuitif de notre conscience morale.
En face de ce témoignage jaillissant spontanément de notre sens moral, quelles peuvent être les attitudes diverses – et quel parti nous suggère un examen pondéré de la question?
Deux attitudes extrêmes
Il est facile de le soupçonner, l’existence de deux attitudes diamétralement opposées apparaissent aux extrêmes : l’une accordant, l’autre déniant toute confiance à cette voix intime, lorsqu’elle s’exerce sans recourir aux distinctions plus savantes de la science morale.
La première de ces tendances, attribuant toujours à la conscience une valeur absolue, est évidemment représentée par tous ceux qui, à un titre quelconque, font de cette conscience morale un organe spécial et inné : partisans d’un instinct moral, à la façon de REID; sentimentalistes comme Rousseau ou Jacobi; rationalistes exagérés à la façon de Kant et de sa Raison pure pratique; ou simples innéistes cartésiens.
a) Si l’on veut résumer l’essentiel de leur pensée, il suffit de rappeler la célèbre et pompeuse apostrophe de Rousseau : « Conscience! Conscience! Instinct divin, immortelle et céleste voix, guide assuré… juge infaillible du bien et du mal. »
b) Il va sans dire que logiquement, pour ces théoriciens, un tel instrument, infaillible en soi, n’a nul besoin d’être éclairé par l’éducation ni par une science morale.
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