Définir la déduction : l’opération par laquelle on montre que certaines propositions étant données, il en résulte d’autres propositions, c’est ne voir que la déduction faite : la déduction qui se fait est sensiblement différente.
Si nous réfléchissons un peu sur la façon dont nous raisonnons habituellement, il nous sera facile de nous en rendre compte. Supposons que je veuille prouver aussi rigoureusement que possible que le meilleur des gouvernements est la république, ou que la formation scientifique l’emporte sur la formation littéraire, vais-je d’abord considérer les données d’où la conclusion découlera nécessairement? Au contraire, c’est de la thèse à démontrer que je pars, et c’est elle qui me dirige dans la recherche et le choix des arguments qui la fondent. Un juge d’instruction ne procède pas autrement : il commence par affirmer, à titre d’hypothèse de travail, que tel individu présent sur les lieux du crime est le coupable; puis, aidé par ce fil conducteur, il rassemble tous les faits susceptibles de confirmer son hypothèse. La pensée vulgaire procède donc de la conséquence aux principes qui la justifient, non des principes aux conséquences qui en découlent.
Mais, objectera-t-on, si c’est bien là notre façon habituelle de penser, on ne saurait y voir une déduction. Sans doute, répondrons-nous, nous n’avons observé jusqu’ici que la déduction qui se fait. La déduction est faite lorsque l’esprit, partant des données recueillies à la lumière de la conclusion, constate qu’il y a entre les deux un rapport essentiel, que les faits observés sont inexplicables si la conclusion est fausse. Mais c’est dans les tâtonnements par lesquels on recherche des données qu’elle se fait.
* à suivre *
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