Bossuet, pour faire revivre ses personnages, se fera historien véridique, biographe bien informé, psychologue pénétrant. Son informateur est ample et solide. Ses héros ont presque tout tenu un premier rôle ou occupé un haut rang, ils appartiennent à l’histoire. Bossuet les replacera dans le cadre des événements généraux et de la société de leur temps. Pour Henriette de France, femme de Charles Ier, c’est un tableau magistral de la Révolution d’Angleterre. Pour peindre la femme, il demande à Mme de Motteville qui l’avait bien connue un mémoire sur la vie et le caractère de cette reine. Pour faire connaître la Princesse Palatine, il étudie les écrits, les lettres qu’elle a laissés, il cite en chaire les documents sur lesquels son éloge est fondé. De même, mieux on connaît le temps de la Fronde, plus on admire la vérité de l’oraison funèbre de Le Tellier. Pour Condé, qu’il connaissait bien personnellement, il s’est informé avec soin de l’histoire de ses campagnes en compulsant les archives du Prince et il reproduit les détails notés par ses officiers généraux, annotés par Condé lui-même. On sait aussi comment il a rappelé intrépidement sa défection et sa rébellion. « Il ne se sentit pas le droit de taire un épisode si principal de la vie du Prince, et, en en parlant, de l’excuser ou de ne la condamner qu’à demi… Il condamne le prince par la bouche même du prince : s’il compensa la grandeur par la profondeur du repentir, est-ce une flatterie ou une idée chrétienne? » (Lanson).
* à suivre *
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