Anne de Gonzague, princesse palatine, avait donné beaucoup de scandale : Bossuet proclame sa pénitence, non sans avoir rappelé ses fautes. Combien, parmi ceux qui l’écoutaient, trouvèrent dans cet exemple médité le courage de réformer leur vie, comme Mme de Montespan, dont la faveur est passée et qui va s’ensevelir dans la piété et les aumônes?
Chez Condé, la piété mise en balance avec la gloire militaire chez le plus grand homme de guerre de son temps sera rehaussée par cette image du héros superbe qui se soumet à Dieu et discipline à la fin de sa vie sa nature violente. Cette piété robuste, toute virile, prouve que la religion n’est pas, comme le croient les courtisans, seulement l’affaire des femmes et l’occupation des cloîtres.
C’est ainsi que Bossuet imprime à l’oraison funèbre son vrai caractère. Esprit réaliste, il se plaît dans le concret. La hauteur de ses vues théologiques et philosophiques ne l’empêchent pas de voir les hommes tels qu’ils sont. (Quels portraits de maître que ceux d’Henriette et de Condé!). Il ne perd jamais de vue cette foule mondaine, ce peuple de courtisans qui forme son auditoire, surtout dans les cérémonies d’apparat. Il connaît leurs vices, leurs passions, et le prêtre cherche leurs âmes, suit les chemins de leur esprit pour les troubler, les émouvoir, les convertir. Cœur ardent de charité, il donne à ces accents tantôt une vigueur effrayante et tantôt une douceur consolante, et s’il devient orateur enflammé et grand poète, c’est parce qu’il est apôtre.
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