La question de savoir si les émotions sont universelles ou généralement programmées remonte au moins jusqu’à Darwin. Pour les grandes émotions de l’existence, il semble que la réponse soit définitivement affirmative mais le début est loin d’être terminé pour les émotions moins directement impliquées dans la survie biologique. On se demande toujours si le rapport que tout un chacun entretient avec son propre vécu, c’est-à-dire tout cet ensemble de sensations et de cognitions qui forme le tissu de la vie émotionnelle, peut permettre de participer aux expériences émotionnelles de n’importe quel être humain et de saisir ce qu’il ressent en court-circuitant les artéfacts de la culture. Y a-t-il une différence si importante entre un mari jaloux à Montréal-Nord et un mari jaloux en pleine jungle Amazonienne? Les travaux de Ekman (1980) portent à croire que les grandes émotions de l’humanité sont presqu’identiques sur toute la surface du globe. Celui-ci interviewé des habitants de l’intérieur de la Nouvelle Guinée, dont les contacts avec les Blancs avaient été minimaux, afin de vérifier s’ils étaient en mesure de reconnaître à partir de photos et de bandes magnétoscopiques les expressions des émotions les plus caractéristiques des Occidentaux comme la joie, la colère et la tristesse. Ses résultats prouvent que la tâche est possible. On pourrait aussi citer ici les travaux de psycho- et de neurophysiologie qui démontrent l’ancrage corporel de certains vécus émotionnels, en particulier la dépression et l’anxiété; ses travaux suggèrent à leur façon que les émotions sont universelles à cause de leur substrat physiologique.
* à suivre *
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