L’étiquetage des marges
Une fois établi le système classificatoire dans lequel Soi et l’Autre entretiennent ce rapport hiérarchique, il faut esquisser le contour de l’Autre et, si possible, le maintenir à l’intérieur d’une définition facilement contôlable. Pour cela on le passera au processus de l’étiquetage, on le tiendra sous la férule de l’image globale, de la catégorisation simple, de la comptabilité, du recensement, de la liste en colonnes par deux. Ainsi on parlera souvent dans les manuels, les romans et les journaux des « Indiens » ou des « Amérindiens » ou des « autochtones » sans tenir compte des spécificités nationales, locales, linguistiques, culturelles, etc. Sous cette étiquette générale on en collera de plus particulières que l’on tendra à ranger en lignes droites quitte à forcer un peu la « réalité ». Par exemple les Algonquins seront tous chasseurs nomades et patrilinéaires, faisant le pendant parfait et clair des Iroquois agriculteurs sédentaires et matrilinéaires. On trouvera des termes expéditifs, explicites et classificatoires pour parler de l’art et de la religion, de l’organisation sociale et politique. On ramènera l’Autre à l’état d’image d’Épinal : le guerrier cruel, le mangeur de viande crue, la mâcheuse de peaux, l’orateur au discours imagé, le trappeur victime du système capitaliste, le sorcier rusé, le chef qui n’en est pas un, la potière harassée de travail, l’habile pagayeur, l’infatigable voyageur, le guide fidèle, l’alcoolique malpropre… panoplie d’images qui deviendront vite symboles. Les Amérindiens ne sont pas des gens qui existent, que l’on peut rencontrer, avec qui on peut communiquer. Ce ne sont que des fonctions.
Une fois établi le système classificatoire dans lequel Soi et l’Autre entretiennent ce rapport hiérarchique, il faut esquisser le contour de l’Autre et, si possible, le maintenir à l’intérieur d’une définition facilement contôlable. Pour cela on le passera au processus de l’étiquetage, on le tiendra sous la férule de l’image globale, de la catégorisation simple, de la comptabilité, du recensement, de la liste en colonnes par deux. Ainsi on parlera souvent dans les manuels, les romans et les journaux des « Indiens » ou des « Amérindiens » ou des « autochtones » sans tenir compte des spécificités nationales, locales, linguistiques, culturelles, etc. Sous cette étiquette générale on en collera de plus particulières que l’on tendra à ranger en lignes droites quitte à forcer un peu la « réalité ». Par exemple les Algonquins seront tous chasseurs nomades et patrilinéaires, faisant le pendant parfait et clair des Iroquois agriculteurs sédentaires et matrilinéaires. On trouvera des termes expéditifs, explicites et classificatoires pour parler de l’art et de la religion, de l’organisation sociale et politique. On ramènera l’Autre à l’état d’image d’Épinal : le guerrier cruel, le mangeur de viande crue, la mâcheuse de peaux, l’orateur au discours imagé, le trappeur victime du système capitaliste, le sorcier rusé, le chef qui n’en est pas un, la potière harassée de travail, l’habile pagayeur, l’infatigable voyageur, le guide fidèle, l’alcoolique malpropre… panoplie d’images qui deviendront vite symboles. Les Amérindiens ne sont pas des gens qui existent, que l’on peut rencontrer, avec qui on peut communiquer. Ce ne sont que des fonctions.
* à suivre *
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire