mercredi 24 février 2010

LA PERSONNALITÉ - 108e partie

Accompagner le mourant

Céline Vanasse (1996 : 129) décrit l’accompagnement de la manière suivante : « Accompagner, c’est être là pour ouvrir un espace dans lequel il (le mourant) puisse faire ce dont il a besoin (…) il s’agit du drame de quelqu’un d’autre, et que vous n’êtes pas là pour le sauver ». Il s’agit de communiquer, de réconforter, de respecter l’autre dans son corps, ses convictions, son mystère, sa solitude, et d’être compétent. L’auteure cite J. Pillot à ce propos : « Accompagner quelqu’un (…) c’est savoir que l’on peut quelque chose dans la pire des souffrances, par la présence, les soins, la compétence, l’écoute, mais c’est aussi accepter la part d’inachevé, d’imperfection, d’insatisfaction de nos attentes (…) sans le vivre comme un échec personnel. »

(Lamau, 1994 : 85). Ce qui étonne, c’est qu’en théorie tous les intervenants sont appelés à faire de l’accompagnement dans l’intervention. Mais en contexte de soins palliatifs, l’intervention est au service de l’accompagnement, car c’est le mourant qui est notre guide, qui est expert de sa propre mort. Dans bon nombre de milieux toutefois, l’intervention techno-scientifique est prépondérante, ce qui évince considérablement l’aspect d’accompagnement.

Néron (1995 :9) situe l’accompagnement en soins palliatifs comme étant « l’art d’agir en témoin qui entend la solitude de l’autre (…) et la voix de cette douleur spirituelle ». Il ajoute que « l’accompagnement se distingue de la psychothérapie. Il (…) ne vise pas de manière absolue le changement ou la résolution de ce qui fait souffrir. » (Néron, 1995 :14). Pour Kemp (1997), l’accompagnement psychosocial porte sur le patient, la famille, la dimension spirituelle, les religions, la dimension socioculturelle, le deuil, les questions éthiques et le stress des soignants. Il affirme même que l’accompagnement spirituel est la base des soins palliatifs (Kemp, 1997 :47). L’auteur tente donc de faire ressortir l’importance de la dimension spirituelle dans l’intervention psychosociale. Les besoins spirituels du mourant se distinguent donc des besoins psychologiques et sociaux, comme je l’expliciterai plus loin. L’accompagnement requiert que la confiance soit au coeur de la relation soignant-soigné (ou soulagé) : « Le patient doit être sûr que le soignant lui dit toujours la vérité et est compétent. Avoir confiance et être honnête envers soi-même et envers le patient sont au centre du processus d’engagement » (Kemp, 1997 : 153).


* à suivre *

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