Il importe de souligner les résultats observés dans les études portant sur la gravité des abus sexuels, commis par les beaux-pères. D’une part, l’étude rétrospective de Russell qui portait sur 930 femmes, est venue affirmer que plus d’abus sexuels sont classifiés de graves dans les familles recomposées (47%) que dans les familles d’origine (26%). Afin d’expliquer ce résultat. Russell souligne que le beau-père qui éprouve du désir sexuel pour sa belle-fille n’est retenu que par des conséquences légales et familiales, alors que le père biologique est également freiné par le tabou de l’inceste.
Par ailleurs, l’étude de Faller montre que le lien de consanguinité, lorsqu’il renvoie à une relation plus intime, ne protège pas nécessairement l’enfant. Dans le cadre de cette recherche, 171 situations d’abus sexuels commis par le père biologique (n=59), le beau-père (n=62) et le père biologique non gardien (n=50) ont été examinées. Les résultats révèlent que les abus sexuels impliquant le père biologique vivant avec l’enfant sont les plus graves (sur le plan du nombre d’abus, de la durée ainsi que du temps écoulé entre le dernier abus et son dévoilement) suivis des abus commis par le beau-père et, enfin, par le père non gardien. Par contre, aucune différence statistiquement significative n’a été observée sur le plan du degré de coercition impliqué.
Dans le même sens, la recherche de Gordon et Creighton, qui s’appuyait sur un échantillon de 130 dossiers dans lesquels des filles ont été abusées sexuellement, souligne que la gravité des gestes d’abus perpétrés par les pères biologiques s’avère plus important, puisque 37% d’entre eux ont soumis leur fille à une relation sexuelle complète comparativement à 16% des beaux-pères. Enfin, la recherche de Phelan, qui comparaît 5 cas d’abus sexuels commis par des beaux-pères à 46 cas avec des pères biologiques, a trouvé des différences entre les deux groupes en ce qui concerne la gravité des gestes posés.
Comparativement aux beaux-pères, les pères biologiques sont plus nombreux à avoir des rapports sexuels complets et s’attaquent plus souvent à plusieurs de leurs filles. Plus récemment, ces résultats ont également été confirmés dans l’étude finlandaise de Sariola et Uutela au sein de laquelle les actes commis par les pères biologiques étaient jugés d’une plus grande gravité que ceux posés par les beaux-pères. Par contre, malgré les résultats exposés précédemment, certaines études indiquent qu’il n’y a pas de différence dans les types d’activités sexuelles commises par les pères et les beaux-pères ni en ce qui a trait à l’âge de leur victime (Erickson et al.,; Phelan).
Si les chercheurs s’intéressent particulièrement à la question de la gravité des abus sexuels commis par les beaux-pères, c’est sans doute parce que, de façon générale, les recherches sur les séquelles des abus sexuels indiquent que l’utilisation de violence et une relation proche avec l’abuseur constituent les éléments les plus néfastes sur le développement de l’enfant à long terme (Lovett, Damant, 1993). À ce sujet, parmi les 45 études recensées par Kendall-Tackett, Williams et Finkelhor, dix établissaient des distinctions entre l’abus sexuel intrafamilial et extrafamilial. Leur analyse des résultats démontre que dans sept des dix études, les répercussions de l’abus sexuel sont plus sévères chez les victimes d’abus intrafamilial. Pour sa part, Feinauer affirme que les effets psychologiques les plus dévastateurs, à long terme, apparaissent lorsque les victimes ont été abusées par une personne avec laquelle elles avaient développé un lien de confiance. Par conséquent, certains auteurs soulignent que ce n’est pas le lien de parenté en soi qui détermine le niveau de détresse de l’enfant victime, mais plutôt le lien émotionnel qui lie cet enfant à l’abuseur (Feinhauer; Herman).
* à suivre *
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