vendredi 30 avril 2010

LA FABRICATION DU MÂLE - 3e partie

IL ÊTRE SEUL : LES MULTIPLES SOLITUDES DES HOMMES

Lors de l’entrevue d’accueil et d’évaluation au S.A.C. (Service d’aide aux conjoints), 61% des hommes soutiennent n’avoir aucun confident dans leur famille élargie et 45% disent ne pas avoir de confidents à l’extérieur de leur famille. Toutefois, même lorsque l’homme est entouré d’une conjointe, d’une équipe de travail ou d’un réseau social, nous croyons que sa socialisation marquée par l’obligation des liens peut tout de même l’amener à ressentir un sentiment de solitude et d’isolement.

a) Être seul avec l’autre
Dernier rempart contre l’isolement, le sentiment amoureux s’implante comme idéal et aspiration suprêmes d’une société individualiste. Les hommes expriment leurs besoins de sécurité affective et d’un lien privilégié souvent dans un seul cadre, celui du couple.

Les hommes en difficultés conjugales rencontrés à l’organisme, qu’ils vivent des conflits ou des ruptures de couple, expriment leur désarroi face à l’écart entre la réalité de leur relation amoureuse et les idéaux dont ils sont porteurs. Toutefois, les hommes rapportent vouloir la relation de couple malgré les attentes irréalistes, les exigences contradictoires et la multitude de reproches. Au nom d’un idéal amoureux, promettant un havre de paix et un ultime refuge contre la solitude, les partenaires s’autorisent souvent à imposer à l’autre toutes sortes d’attentes et d’obligations. La relation peut ainsi devenir lourde et oppressante tout en demeurant souvent, pour les hommes, l’unique lien privilégié.

De plus, les valeurs familiales et les modèles amoureux sont en mouvement et les messages sociaux contradictoires. En conséquence, les liens amoureux semblent se vivre trop souvent sous le mode des rapports de force manifestés par des négociations et des calculs constants des « droits et libertés ». La poursuite de l’illusion du couple portée par chacun des conjoints semble parfois préférable à l’arrêt des luttes, à l’échec conjugal et au vide.

Le conjoint se retrouve hors du foyer familial, isolé et en chute libre lors d’une rupture, demandée deux fois sur trois par la conjointe (Dulac, 1996). Le refus de la séparation ou la recherche d’un nouveau partenaire est souvent perçue comme l’unique palliatif à la solitude.


* à suivre *

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