lundi 17 mai 2010

COMPRENDRE L'IDENTITÉ MASCULINE 5e partie

L’adolescent et le père

Toutefois, dans le retour de la dynamique oedipienne, le garçon a beaucoup plus de besoin face au père que face à la mère. Il a besoin de se mesurer à son père, de rivaliser avec lui, afin de tester ses propres capacités en tant que mâle. Il a besoin d’être vu comme un homme par son père, afin d’être confirmé dans sa masculinité. Il a besoin de regarder avec son père, dans la même direction, et de voir les choses de la même façon, afin d’expérimenter davantage la complicité masculine et d’adhérer au modèle d’homme que lui propose son père (Delisle, 2000). Il a aussi besoin de regarder sans son père, de voir les choses à sa façon et autrement que par les lunettes paternelles, ce qui peut être facilité par la fréquentation de groupes de pairs masculins. Comme l’affirmation Olivier (1980 p.67), il doit aussi passer de « l’être-comme » (identification) à « l’être-soi » (identité).

Il y a donc une polarité relationnelle dans le lien père-fils, c’est-à-dire que leur relation est à la fois sympathique et antagoniste. Si l’adolescent persiste trop dans le rôle antagonique, dans le refus de l’héritage paternel, et ce, au-delà de la rébellion normale (Erikson, 1959), dû à la perturbation de l’attachement père-fils, son identité masculine peut être carencée et le passage au manhood compromis. L’absence du père ou d’une figure masculine adulte positive peut amplifier cette défiance. Consciemment ou pas, l’adolescent vit du ressentiment envers le père absent, qu’il projette sur les figures d’autorité homme ou femme. Cette défiance amplifiée est aussi un appel à l’aide, en ce sens que le jeune tente de provoquer la paternité chez les figures d’autorité hommes ou femmes et d’évoquer ainsi le père.

Qui plus est, l’absence du père ou d’une figure masculine positive peut mener à un sentiment d’inadéquation chez le jeune, qui en vient à se dire, « Je ne mérite pas un père ». L’absence du père peut être compensée chez l’adolescent par le développement d’un surmoi tyrannique qui persécute son féminin intérieur, exacerbant ainsi la différenciation sexuelle par la complémentation. L’adolescent aura donc encore plus tendance à se définir comme homme en s’opposant non seulement aux femmes, mais en se coupant aussi de son féminin intérieur, car toute féminité sera perçue comme une menace à son identité sexuelle masculine et comme un risque de fusion avec la mère.



* à suivre *

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