Les problématiques qui affectent les hommes mènent souvent à une judiciarisation. Le service social partage avec les institutions régulatrices une fonction de contrôle social. La violence, la toxicomanie, l’itinérance, le divorce, l’homosexualité, le chômage et même le décrochage scolaire sont encadrés par des législations. Un autre des pièges de l’intervention sociale auprès des hommes est de valoriser uniquement des actions coercitives afin de réagir à la marginalité par la dénonciation et l’encadrement.
L’arrestation ou l’emprisonnement des déviants est l’ultime répétition de l’humiliation et de l’isolement ayant caractérisé la socialisation des hommes. Bédard (1998) soutient dans un historique des institutions de charité (devenues institutions d’aide) que les pauvres méritants ont droit à l’aide, tandis que les non-méritants ont droit aux tribunaux. Il précise que « pour être bon, le pauvre doit être innocent, naïf, victime, réceptif et reconnaissant » (Bédard, 1998, p. 30). Il est à noter que ces caractéristiques sont habituellement considérées féminines dans la définitive sexiste des genres. Les hommes se différenciant de ces caractéristiques rapportent davantage être perçus comme non méritants par les institutions d’aide.
IV. INTERVENTION SOCIALE ET RELATION D’AIDE AUPRÈS DES POPULATIONS MASCULINES
Dans le processus d’intervention sociale auprès des hommes, il est indispensable de clarifier une vision théorique et de demeurer particulièrement attentif aux valeurs associées à une pratique vers le changement social.
Les prémisses de l’approche structurelle suggèrent que « les conditions matérielles objectives engendrées par le patriarcat et le mode de production capitaliste déterminent avant tout la façon dont les hommes et les femmes, selon leur classe sociale, pensent, agissent et se sentent » (Moreau, 1982b, p.159). Ce postulat invite les intervenants à définir et à solutionner les problèmes sociaux dans leur contexte social, économique et politique. L’approche structurelle évite d’établir une hiérarchie entre les formes d’oppression s’appuyant sur ces différentes caractéristiques sociales (Gascon, 2001). Cette approche en travail social demeure une référence pertinente permettant d’adopter une vision collective, de faire les « liens entre la socialisation, les choix réels de la personne compte tenu des biais sociaux à son égard et ses façons de penser, de sentir et d’agir » (Moreau, 1987, p.233).
Une relation s’établit entre les difficultés personnelles, les structures sociales et l’idéologie capitaliste et patriarcale dominante; l’approche structurelle visera des changements autant au plan personnel et interpersonnel qu’au plan institutionnel et politique. Nous proposons une pratique sociale auprès des hommes favorisant le développement des liens avec soi-même, avec l’intervenant€, avec le réseau d’aide formelle, ainsi qu’avec les réseaux et les milieux sociaux.
* à suivre *
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