Il est significatif de remarquer qu’aucun participant en violence conjugale ayant terminé sa thérapie n’explique rétrospectivement sa motivation à entreprendre une démarche d’aide par l’attribut tension : la plupart parlant de leurs agressions (8/13), les autres se répartissant autour de thèmes plus précis comme : peur de ses agressions, perte de la garde de son enfant, conseil de la conjointe ou la récupérer.
Soulignons par ailleurs le témoignage de ces deux clients ayant qualifié leur motif premier de demander de l’aide de convaincre ou récupérer la conjointe; il s’agit ici de cas typiques de reconnaissance ou d’admission de l’étape du déni par lequel ces sujets alors en postthérapie se rappellent être passés :
Ça faisait depuis au moins un an qu’on parlait de faire une thérapie, mais je me
disais que c’était pas moi qui était violent. C’était les autres qui me
provoquaient. Pour moi, j’avais pas à faire de thérapie. Si moi, je vais en
faire une, les autres aussi. Quand j’ai appelé à (l’organisme), c’était pour
leur prouver que c’était pas moi qui était violent, tout simplement. J’étais
tranquille et on ne faisait que me provoquer.
Voici quelques cas où les répondants en démarche postprogramme identifient clairement non seulement leur responsabilité face à la violence mais également définissent les effets de cette violence sur eux-mêmes et/ou sur leur entourage :
Ça faisait plusieurs fois chez moi que la vie était pas très intéressante,
quelquefois moi et ma femme on se chicanait. Il y avait des disputes très
sévères (…) il y avait des disputes très sévères (…) il y avait des paroles
verbales qui font de la peine, à ma femme et à moi aussi par la suite. Quand je
me rappelais ce que je venais de faire ou ce que je venais de dire, tu vis pas
bien avec çà. Les années se sont accumulées comme ça pis à un moment donné, je
suis venu tanné de ça.
Moi puis mon épouse on se pognait tout le temps, souvent. C’était beaucoup de
moi – c’était beaucoup de violence psychologique. J’étais très bon à ça (…)
c’était bien rare le physique mais la langue, là, (…) piquant, là, j’étais bon à
ça.
Mais c’est surtout la violence de l’événement, la frapper en pleine figure, jeVoyons maintenant quelques autres exemples où les répondants ne parlent pas aussi clairement de leurs agressions, tout en reconnaissant leur responsabilité. D’abord, ce répondant qui a prolongé sa démarche au-delà d’un an, se rappelle avoir fait sa thérapie à la suite d’une rupture pour pouvoir se rapprocher de sa fille :
vois sa tête revoler. Un coup de pied sur la table, le verre qui éclate en mille
morceaux partout (…) Elle tombe par terre pis là, je vois toute l’amplitude,
l’intensité de ma violence. Là je me mets à pleurer, là je comprends que j’ai un
crisse de problème.
Ma conjointe, depuis le mois de septembre était partie demeurer en Abitibi,Le répondant suivant est en démarche prolongée depuis plus de deux ans. Il s’agit d’un policier à la retraite vivant en union de fait avec sa conjointe et un de ses trois enfants, son fils de 14 ans. Il a fait auparavant de nombreuses démarches particulièrement auprès du mouvement A.A. Lors de l’entrevue, ce client disait vouloir poursuivre encore un bon bout de temps sa démarche, celle-ci l’amenant à reprendre contact avec sa « douceur » et son côté humain qu’il avoue avoir caché derrière son statut de policier :
donc…..ça faisait un mois et demi, là, que ma fille, surtout ma fille était loin
de moi (…) Donc j’avais comme mis ma conjointe de côté, mais ma petite fille,
qu’elle parte avec, qu’elle s’en aille avec en Abitibi (…) j’avais bien mal pris
ça.
À ce moment-là (…) j’étais pas bien, en dedans de moi, malgré les nombreusesChez tous ces clients ayant prolongé leur thérapie, il n’y a pas d’imputation externe de la cause du problème et de la motivation à entreprendre une démarche. Cela laisse à penser que, pour ces hommes, le processus thérapeutique a des effets bénéfiques, du moins, au plan cognitif. D’ailleurs ce processus de conscientisation semble, à la lumière des témoignages, émerger dès le milieu de l’expérience thérapeutique. En effet, on remarque que plus de 55 p.cent (11/20) des participants ayant fait au moins la moitié de la thérapie, attribuent le motif de la demande d’aide en fonction de l’attribut agressions (ou peur de), ce qui dénote une implication personnelle quant à la source du problème de violence.
thérapies, des suivis, (…) il y avait quelque chose en dedans de moi, je me
sentais colérique, toujours peur d’explorer, prêt à bondir (…) Souvent, les bras
voulaient me lever pour agresser, intimider.
* à suivre *
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