Ces auteurs se sont consacrés à l’observation directe du jeune enfant et ont contribué largement à l’étude du destin des pulsions agressives.
Spitz a démontré, en accord avec l’article précédemment cité de Hartmann, Kris et Loewenstein, la contribution de la pulsion agressive à l’établissement des relations entre le bébé et la mère, puis avec l’ensemble du monde extérieur. Il a décrit le déploiement de l’agressivité dans la première année de la vie, son expression dans la musculature externe et la mobilité et souligné la nécessité qu’un objet libidinal, la mère, soit rencontré à l’extérieur pour permettre la décharge pulsionnelle.
Au début de la vie, les deux types de pulsions, agressives et libidinales, sont relativement indifférenciées. C’est grâce à la présence étroite de l’environnement maternel que les pulsions parviennent à se différencier puis à se fusionner. Les pulsions agressives jouent un rôle essentiel dans l’établissement de la communication avec le monde extérieur; elles permettent aussi au jeune enfant de tenter de retrouver l’objet libidinal perdu lorsqu’il est séparé.
Dans les cas où l’objet libidinal essentiel à la survie psychique du bébé semble définitivement perdu, il y aura défusion des pulsions : 1) l’agressivité se retourne contre soi et peut aller jusqu’à entraîner la mort du bébé; 2) ou alors l’agressivité se tourne de façon indifférenciée vers le monde extérieur, sans être modulée par la pulsion libidinale, et donne lieu à la destructivité à l’origine de la tendance anti-sociale et ultérieurement de la psychothérapie.
Dans des articles successifs, Winnicott a mis l’accent sur le rôle de l’agressivité en relation avec la reconnaissance du monde extérieur (non-Moi) et a insisté sur le rôle primordial joué par l’environnement maternel dans l’intégration progressive des pulsions agressives, dans les premières années de la vie. Pour Winnicott, l’agressivité mature est au cœur et à l’origine du jeu chez l’enfant, du travail chez l’adulte. Toute activité de construction, tout acte créateur s’établit sur le besoin constant, tout au long de la vie, de réparer les dommages faits à l’objet d’amour primitif, dommages que l’on sait avoir commis du fait de l’existence des pulsions agressives.
« Finalement, toute l’agressivité qui n’est pas niée et pour laquelle on prend
ses responsabilités est disponible pour consolider le travail de réparation et
de restitution (…) Un but dans la construction de la personnalité est de devenir
capable de tirer de plus en plus de ce qui est instinctif. Cela implique qu’on
devient de plus en plus capable de reconnaître sa propre cruauté et sa propre
avidité qui peuvent alors, et alors seulement être contrôlées dans une activité
surmenée ».
* à suivre *
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