Pour la directrice du CRIEC, le grand défi en matière d’intégration consiste à promouvoir un pacte civique commun à tous, fondé sur un socle de principes et de valeurs politiques fondamentaux auxquels les citoyens seraient invités à adhérer, en dépit de leurs différences : la laïcité, le français langue officielle, la résolution pacifique des conflits, le pluralisme, l’égalité entre les hommes et les femmes, le respect des droits fondamentaux de la personne, ainsi que celui des droits des autochtones et de la minorité anglophone « Aucun accommodement ne devrait aller à l’encontre de ces valeurs. Et c’est autour d’elles que peuvent se rassembler des gens ayant une histoire et une culture différentes. »
L’ouverture au pluralisme peut se concilier avec la volonté d’affirmation culturelle et politique de la majorité franco-québécoise, affirme Éric Bédard, professeur d’histoire à la TÉLUQ. Mais les Québécois doivent mieux expliquer aux nouveaux arrivants qui ils sont, précise-t-il. « Le message est souvent confus. On sabre dans les programmes de francisation, on crée un nouveau programme d’enseignement de l’histoire au secondaire qui insiste davantage sur l’histoire de la modernité occidentale que sur le récit national des Canadiens français. Ce n’est pas ainsi que l’on fera connaître aux néo-Québécois les grandes particularités de la société d’accueil, soit son histoire, sa culture et sa langue. »
Selon Jacques Beauchemin, si les Québécois doivent s’ouvrir au pluralisme, ils doivent aussi s’assumer, sans mauvaise conscience, et reconnaître dans leur histoire un parcours singulier et inachevé. « L’histoire est comme un train en marche et permet à ceux qui le veulent d’y monter depuis la gare de leur choix, avec leurs différences et leurs convictions. Il est parfaitement possible pour un Québécois qui n’est pas de souche canadienne-française de s’associer à l’histoire québécoise, il pourra notamment y reconnaître un parcours qui, sans être le sien propre, évoque celui de tous les peuples minoritaires animés du désir de durer dans l’histoire. »
Le combat pour assurer la pérennité d’une société francophone en Amérique du Nord, le mouvement inachevé vers la sécularisation, le développement d’un projet politique national reposant sur une volonté d’autonomie ou d’indépendance…tous ces traits font partie de l’identité québécoise, note Micheline Labelle. Avec son collègue Éric Bédard, elle croit qu’un débat sur un éventuel projet de constitution québécoise, charte du vivre-ensemble, permettrait de rappeler ces particularités et de définir les valeurs collectives que le Québec veut se donner.
« Que partagent les Québécois et les immigrants? Se demande Agusti Nicolau Coll. La Charte des droits et des libertés, c’est l’apéro, car un peuple n’est pas qu’une addition de droits individuels, dit-il. Il faut aussi le plat de résistance, soit la mémoire et la culture qui sont portées par chacun d’entre nous. Moi, j’ai commencé à comprendre ce qu’est le Québec en lisant la poésie de Gaston Miron. »
« L’histoire est comme un train en marche et permet à ceux qui le veulent d’y monter depuis la garde de leur choix, avec leurs différences et leurs
convictions. Il est parfaitement possible pour un Québécois qui n’est pas de souche canadienne-française de s’associer à l’histoire québécoise. Il pourra notamment y reconnaître un parcours qui, sans être le sien propre, évoque celui de tous les peuples minoritaires animés du désir de durer dans l’histoire. » - Jacques Beauchemin, professeur au Département de sociologie.
* à suivre *
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