À l’opposé de cette première perspective se retrouvent les médiateurs qui se montrent éminemment critiques des pratiques actuelles en matière de séparation et de divorce dans les cas de violence conjugale. Leur analyse repose sur deux assises soit, d’une part, une remise en question radicale du système légal (judiciaire et policier) et, d’autre part, une acceptation sans réserve des prémisses de la médiation.
Ainsi, les tenants de cette approche constatent que le système légal n’offre jusqu’à présent que bien peu d’aide aux femmes violentées; ils le décrivent comme inefficace et ce, à plusieurs niveaux.
Le système de justice, reposant sur des bases où les parties sont considérées comme adversaires, suscite souvent des rapports conflictuels et peut ainsi exacerber les tensions entre conjoints (Brown dans Hart). Un tel fonctionnement incite l’accusé à nier toute culpabilité, recommande fortement la référence à des avocats qui deviennent les porte-parole de chacune des parties, qui décident du sort de chacune des parties, qui décident du sort de chacun et plus particulièrement de celui de la victime (Mederer et Gelles; Dobash et Dobash dans Corcoran et Melamed), rapportent que l’arrestation, quoique permettant la cessation des agressions à court terme, peut parallèlement engendrer un potentiel de violence accru du fait que le coupable voit son estime de soi rabaissée.
À cette caractéristique inhérente au système de justice vient s’ajouter le fait que la grande majorité des acteurs impliqués sont victimes de préjugés sociaux sur la violence conjugale et qu’ils méconnaissent la problématique. Ces lacunes peuvent facilement constituer un désavantage pour les femmes et les enfants témoins d’agressions (Saposnek, dans Corcoran et Melamed).
Le système légal marquera, d’une part, sa répugnance à intervenir et aura souvent tendance à juger les victimes pour leurs comportements déviants de la norme exemple déménagements fréquents afin d’assurer leur protection ou encore réconciliations avec l’agresseur, hésitations des femmes à poursuivre leur conjoint (Jackson dans Corcoran et Melamed). Dans ce contexte les plaintes des femmes battes (Fields dans Corcoran et Melamed).
D’autre part, Erickson et McKnight mettent en lumière de nombreux faits qui démontrent la faveur que le système légal accorde à l’accusé en mettant l’emphase sur les droits de ce dernier et ce, au détriment de ceux des victimes. Il a aussi tendance à rendre des sentences inappropriées parce que trop légères. Il faut souligner que le système de justice ne possède pas toujours les moyens d’assurer le respect de ses ordonnances. En effet, le principal problème rencontré par les femmes est celui du respect du jugement, entre autres en ce qui a trait aux contacts : interdit de contact entre les conjoints, encadrement des contacts entre le père et les enfants. Il s’agit d’un vécu difficile. En cas de non-respect du justement, c’est la femme qui porte l’odieux de retourner devant la cour.
Compte tenu d’une telle critique du système légal, la médiation est perçue par plusieurs comme une alternative intéressante pour réduire la violence suite à la séparation, pour arriver à une entente satisfaisante pour toues les parties, pour redonner du pouvoir à la victime et réhabiliter l’agresseur (Corcoran et Melamed).
Malgré l’inégalité de pouvoir inhérente à la relation de violence conjugale, les médiateurs croient qu’ils peuvent, par leur intervention, actualiser les principes d’une médiation classique. Ils considèrent également que la médiation permet le développement de la communication entre les deux parties, l’apprentissage d’habiletés sociales ainsi que l’établissement de frontières claires (Erikson et McKnight; Chandler; Girdner), acquisitions suffisantes pour mettre fin à la violence et permettre aux femmes de reprendre du pouvoir sur leur vie
* à suivre *
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