CONCLUSION
Les résultats de cette étude démontrent que les jeunes sont aux prises avec trois principales sources de conflits : les rapports entre les parents et les jeunes, les rapports entre les pairs dont les relations entre les garçons et les filles et enfin les rapports interethniques. Ces rapports sociaux peuvent être à l’origine de la violence s’il n’y a pas négociation du pouvoir entre les parties. Ces relations sont des rapports de force et elles caractérisent l’ensemble des rapports sociaux. C’est à l’intérieur de ces rapports de pouvoir que se négocie ou s’acquiert par la force une partie de ce pouvoir qui revient à chacun des protagonistes.
Dans l’esprit des jeunes interviewés, un individu violent est un individu souffrant. En général, c’est cette souffrance qui le conduit à adopter des attitudes et des comportements violents. Toutefois, ils associent davantage la violence à des gestes de brutalité. La souffrance physique est plus concrète à leurs yeux, alors que la souffrance psychologique est abstraite et difficilement identifiable.
La violence est comprise comme l’affirmation d’un pouvoir et la recherche d’un contrôle. Cette recherche de contrôle tire sa source dans le sentiment d’impuissance que ressentent certains jeunes. Ces derniers ont le sentiment que les adultes ne les comprennent pas. Ils se sentent marginalités et exclus. Alors qu’on leur demande d’assumer leurs responsabilités, la société leur reconnaît peu de pouvoir et elle les isole avec des valeurs de concurrence et de performance. Cette frustration des besoins d’affirmation et de valorisation crée un sentiment d’impuissance. L’objectif du comportement violent devient alors la prise d’un pouvoir par le contrôle de l’environnement immédiat.
Pour prévenir la violence et promouvoir des rapports de coexistence pacifique et égalitaire assurant l’autonomie, la liberté et le plein développement de tous les individus, il faut intervenir au niveau des quatre principaux agents de socialisation des jeunes : la famille, l’école, les médias et les groupes d’appartenance. Les actions préventives doivent devenir une priorité d’intervention et se faire en concertation avec les différents partenaires (les institutions du réseau public et les groupes communautaires).
On peut prétendre que l’intégration de nouvelles valeurs favorisant des rapports plus égalitaires entre les individus est en progression au Québec. Toutefois, il importe de poursuivre le travail d’éducation auprès des jeunes afin de faire tomber de nombreux préjugés et stéréotypes qui nuisent toujours à la construction de rapports plus harmonieux et conviviaux entre garçons et filles, entre jeunes de groupes ethniques différents, etc. Cependant, la souffrance des individus ne pourra jamais excuser leurs gestes de violence dans les rapports interpersonnels. Mais la compréhension de cette souffrance par les intervenants et les intervenantes peut les aider à développer des moyens pour prévenir cette violence. Il importe d’amorcer le dialogue et de promouvoir des rapports égalitaires entre les individus et entre les groupes d’individus (homme et femme, majoritaire et minoritaire, etc.) tout en privilégiant la négociation et la médiation comme moyen pour résoudre les conflits.
Cette étude soulève plusieurs questions et ouvre quelques pistes de recherche. Un niveau de questionnement concerne la relation qui existe entre les représentations sociales d’un groupe et le développement de conduites à son égard. Jusqu’où l’information qu’un individu possède sur un groupe social donné influence-t-elle ses attitudes et ses conduites envers ses membres? Comment l’information que les adultes ont des jeunes par les médias influence-t-elle leurs attitudes envers eux?
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