Pour André Gobeil et Francine Ouellet, les psychologues et les sociologues ont développé plusieurs théories dans leurs recherches pour expliquer le phénomène de l’agression et comprendre les facteurs pouvant conduire un individu à adopter des attitudes et des comportements violents. La majorité des approches sont de conception monocausale, c’est-à-dire qu’une cause unique est censée rendre compte de l’ensemble des manifestations du comportement d’agression. Mais la violence ne peut s’expliquer uniquement par des composantes agressives de la personnalité humaine. Selon Hébert, il faut tenir compte de l’interaction de multiples variables individuelles, familiales et environnementales où les rôles des apprentissages cognitif et social sont déterminants.
L’approche de la violence qui est retenue s’inspire de plusieurs théories. La théorie de la frustration, plus particulièrement par le biais du concept d’apprentissage social de comportements agressifs (Bandura), sert de toile de fond. Associée à cette approche, se superpose l’approche sociologique qui permet d’identifier les diverses sources de frustration dans l’environnement d’un individu (Mackal). Puis, se greffe la perspective cognitive qui explique l’interprétation faite par un individu de la source de frustration. C’est cette interprétation qui guidera ses conduites et ses actions. Enfin, la théorie de la socialisation réinterprétée par les théoriciennes féministes vient ajouter une couleur à la théorie de l’apprentissage social qui sert de canevas à cette étude. La définition de la socialisation s’inspire à la fois de la sociologie et de la psychologie et converge vers un même point : l’intégration des valeurs sociales (Drolet). Les principaux agents de socialisation sont la famille, l’école, les médias et les groupes d’appartenance.
L’utilisation de comportements agressifs par un individu ne s’explique pas de façon mécaniste. On peut chercher les causes multiples de tels comportements mais il importe, avant toutes choses, de résituer ces comportements dans leur contexte, de les distinguer les uns des autres et de les nuancer. Étant donné que les agresseurs n’ont pas tous la même force physique ni le même pouvoir social, on peut s’attendre à ce que les conséquences et les motifs de leur violence diffèrent aussi.
C’est sans nul doute l’analyse féministe du phénomène de la violence qui situe le mieux l’agression et la violence dans le contexte des rapports sociaux. Elle nous rappelle l’importance de considérer le contexte socio-politique entourant le rôle social joué par certains agresseurs dans leurs rapports sociaux avec les victimes. L’approche féministe insiste sur le fait que, dans notre société sexiste et patriarcale, les femmes et les enfants sont les victimes de la violence familiale, tandis que les hommes en sont les auteurs. Il est essentiel de situer l’agresseur dans sa position sociale pour comprendre les gestes posés. Lorsqu’on a affaire à l’agression d’un homme envers une femme, l’analyse féministe explique les gestes de l’homme comme étant une recherche de satisfaction de son besoin de domination et de contrôle (Larouche et Gagné; Lacombe). L’agression et la violence deviennent alors l’expression d’un pouvoir et d’une domination, le besoin de renforcer un contrôle sur la victime. N’est-ce pas le même phénomène d’affirmation d’un pouvoir qui entre en jeu dans les agressions entre jeunes d’origines ethniques différentes ou dans les cas d’agressions contre des jeunes marginalisés, soit par leur orientation sexuelle, leur origine ethnique, leur handicap physique, mental ou autre?
C’est donc dans l’interaction de plusieurs variables que s’expliquent l’agression et la violence. Ces variables peuvent être groupées en facteurs personnels, familiaux et environnementaux (structurels et socio-économiques, culturels et situationnels).
* à suivre *
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