(En parlant des hommes violents) « Il a besoin de prouver qu’il est supérieur à
elle. » (garçon d’origine québécoise).
« (Certains hommes croient que…) le sexe masculin a toujours été supérieur au
sexe de la femme. « Fait que », un homme qui se fait (…) battre ou qui se fait
passer devant par une femme, c’est frustrant. » (garçon d’origine québécoise).
Cette explication des causes de la violence des hommes contre les femmes s’inspire donc d’une lecture féministe et sociologique de la réalité. C’est à croire que l’analyse féministe pénètre la croyance populaire et permet une nouvelle lecture des rapports entre les hommes et les femmes chez les jeunes ayant pris part à cette étude. Seuls les garçons d’origine haïtienne ne retiennent pas ce facteur dans leur analyse de la violence. La socialisation plus sexiste des garçons et des filles au sein de la famille haïtienne expliquerait-elle cette attitude?
Toutefois, une nette distinction s’opère entre les garçons et les filles sur la deuxième cause de la violence envers les femmes. Ce sont presque exclusivement des garçons qui retiennent les attitudes de provocation et de passivité des filles comme autre facteur explicatif de la violence. Cette pereption des garçons est nourrie par les mythes et les préjugés voulant que la femme soit un peu responsable de ce qui lui arrive. Ce préjugé sous-entend que les femmes ne savent pas s’y prendre avec leur conjoint. Par leurs attitudes, elles provoquent leur colère. D’après Lacombe, bon nombre de mythes et de préjugés persistent encore en fonction de nos croyances, de notre éducation et de notre milieu. Ainsi, ce préjugé voulant que les femmes provoquent fait partie de la liste des préjugés les plus tenaces tels que : l’alcool est la cause de la violence conjugale, l’agresseur est malade, la violence se transmet d’une génération à l’autre, l’agressivité est naturelle chez les hommes.
« Il faut dire que les filles le cherchent des fois (…) Parce qu’il y a des
filles qui sont bien « agaces ». Pis elles vont coller un, elles vont aller
coller l’autre. » (garçon d’origine québécoise)
Enfin, un troisième facteur explicatif retenu par les jeunes interviewés est l’abus de drogues et d’alcool. C’est une variable évidente de renforcement des attitudes et des comportements violents mais non une cause. Malgré tout, il a été rapporté par quelques jeunes pour expliquer les causes de la violence conjugale.
Ces résultats nous font réaliser l’importance de situer les facteurs explicatifs de la violence dans leur globalité et d’aider les jeunes à distinguer les facteurs de renforcements d’attitudes et de comportements des causes réelles de la violence. Cette clarification est d’autant plus importante que la violence est souvent excusée par une soi-disant perte de contrôle due à des facteurs comme l’abus de drogues ou d’alcool; ceci empêche l’individu de réfléchir sur les réelles motivations des comportements violents et de prendre consicence que ce sont ces mythes et ces préjugés qui renforcent l’idée que les femmes sont en partie responsables de l’agression qu’elles subissent. Il importe d’aider les jeunes à reocnnaître qu’ils ont des préjugés, puis de les identifier et de les aider à les combattre afin d’éviter qu’ils guident leur conduite.
La résolution des conflits passe parfois par la violence lorsque les autres moyens qui font partie du répertoire de stratégies pour résoudre les conflits ont échoué. Les jeunes l’appellent perte de contrôle dans leur discours manifeste. Mais lorqu’ils en expliquent la nature, la plupart reconnaissent que la traditionnelle perte de contrôle n’est rien d’autre qu’un moyen utilisé pour prendre du contrôle et du pouvoir sur ce qui les entoure. C’est ce que révèle leur discours latent. La notion de perte de contrôle est alors utilisée afin de justifier ou de camoufler un acte répréhensible socialement et qui n’est en réalité qu’un désir de prise de contrôle.
* à suivre *
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