Si Suzanne a du mal à atteindre l’orgasme, d’autres ne connaissent pas le désir. En apparence, du moins. En effet, la sexologue moderne considère qu’il n’existe pas de désir absent et que l’absence de pulsions sexuelles est due à un excès de contrôle de soi. Les raisons de cette anomalie sont parfois liées à un événement précis : une grossesse mal vécue, un avortement culpabilisant, la mort d’un être cher. Mais la cause peut être plus difficile à trouver, même si la question est simple et, qu’elle résonne, prononcée par une voix féminine, à peu près de cette façon : « De quoi suis-je lasse? Du sexe, des hommes ou de cet homme en particulier? »
Il peut s’agir, dans le premier cas, d’un excès de prolactine, cette hormone dont le taux monte en cas de stress, ou d’une dépression. Dans le deuxième cas, d’un problème d’identité ou d’une homosexualité latente. Quant au dernier cas, il est évident qu’il exprime un conflit de couple, dont le motif peut être l’existence d’un autre objet de désir, réel ou imaginaire. L’énergie sexuelle existe, elle est seulement inhibée. Certains facteurs culturels peuvent être responsables de cette inhibition : il suffit de voir à quel point la sexualité des minorités érotiques ou des femmes âgées suscite des réserves. On ne peut pourtant pas imputer ces problèmes aux seuls obstacles physiologiques. C’est parfois sur des blocages mentaux que trébuche l’expression de comportements sexuels.
Il peut s’agir de pulsions violentes dont l’origine n’est pas strictement sexuelle. Patricia, par exemple, ressent une forte répulsion pour les hommes qui lui font la cour. Dans ses rêves elle passe son temps à essayer de les castrer, résidu d’une tentative de viol. Du reste, Patricia refuse d’exprimer ses tendances hostiles et réprime toutes ses pulsions, aussi bien agressives que sexuelles. Derrière ces masques se cache le désir sexuel. Il faut se persuader qu’il est une énergie et une force, que l’histoire personnelle bloque ou dévie. Il faut que chaque être humain trouve le juste canal de son érotisme qui est, selon le cas, visuel, tactile, olfactif, auditif ou imaginaire. Une femme tactile n’aura que faire d’un film érotique; un massage californien sera bien plus efficace. Les exercices d’expression corporelle ne seront pas très utiles avec un partenaire dont l’excitation passe par l’imagination. Si on excepte les prétendus aphrodisiaques alimentaires et pharmacologiques, il reste deux alternatives : la gestion de son corps ou celle de son imaginaire. Les deux peuvent donner un second souffle à l’énergie du désir.
Lorsqu’on ne parvient pas à découvrir où le désir, il faut retourner sur les lieux qui l’ont vu mourir.
Par ailleurs, le désir, comme l’appétit, connaît des intermittences. Comme une vaccination, il faudrait donc le renouveler périodiquement. Mais le désir meurt le plus souvent dans le monde des sentiments négatifs, là où règnent la rancœur et l’estime perdue. (SIC - Willy Pasini).
* à suivre *
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