Des millions de femmes assouvissent leur besoin d’érotisme grâce aux romans d’amour qui sont en vente partout. Ces romans devraient d’ailleurs être rebaptisés « romans érotiques ». Des études ont révélé que les femmes achetaient ces livres non pour lire de belles romances, mais pour s’y projeter et s’y perdre.
Le thème central de pratiquement tous ces romans d’amour est la séduction d’une belle jeune fille vierge par un homme beau lui aussi, et très viril. L’héroïne se trouve happée par l’appel du plaisir, presque contre sa volonté. Mais à la page 200, sa virginité sera chose ancienne et elle aura connu de nombreux orgasmes à vous faire arrêter le cœur. Même si beaucoup de ces romans se situent sur fond d’histoire ancienne, nul doute que les héros ont lu les chapitres de Masters et Johnson concernant la stimulation du clitoris. Néanmoins, ce savoir n’est guère nécessaire puisque toutes les héroïnes ont des orgasmes vaginaux, dès la première fois, et à chaque fois…Même si les auteurs s’appliquent à faire durer les scènes sexuelles sur des pages et des pages, ils n’utilisent jamais de termes précis. Il caresse « son doux pétale humide ». Elle caresse « sa virilité palpitante ».
On estime à vingt millions le nombre de femmes qui payent pour ce genre de stimulations. Les romans d’amour représentent 46% des livres de poche vendus aux Etats-Unis, soit un chiffre de vente d’environ 3,7 milliards de dollars pour l’année 1991.
On se trompe parfois sur le type de femmes qui lisent ces romans. Deux chercheurs ont récemment essayé de déterminer ce qui distinguait les femmes qui lisaient ce genre de livres de celles qui n’en lisaient pas. Ils n’ont pas trouvé de différences apparentes dans leur statut marital, leur éducation ou leurs revenus. La seule différence notable entre les deux groupes était leur activité sexuelle. On constate avec surprise que les femmes amateurs de romans d’amour semblent obtenir de plus grandes satisfactions sexuelles que les autres, et ont des relations sexuelles deux fois plus fréquentes. Conclusion des chercheurs : « Les romans érotiques fournissent à leurs lectrices une forme de stimulation sexuelle qui s’apparente à celle produite par les fantasmes sexuels. Ils sont une forme de pornographie « soft » (douce) que les femmes trouvent acceptable d’un point de vue social, et non menaçante…C’est une forme d’érotisme qui n’induit chez les lectrices aucune sorte de flétrissure, morale ou émotionnelle ».
Je défends moi-même volontiers les romans d’amour. Je crois que lire des histoires sur des femmes débridées peut aider les femmes inhibées sexuellement à devenir des amantes plus passionnées, surtout quand elles les lisent avant d’aller se coucher. Je donne d’ailleurs régulièrement le conseil de le faire, lors de mes ateliers de réflexion. Une femme très distinguée est venue me voir au cours d’une pause et m’a dit n’avoir jamais envisagé, de lire ce genre de littérature. « J’ai une maîtrise de Lettres », a-t-elle dit, « et il ne m’est même jamais arrivé de regarder la couverture d’un de ces livres ». Puis elle m’a surpris en me demandant, sur le ton de la conspiration : « Avez-vous des auteurs préférés? »
* à suivre *
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