* à suivre *
vendredi 1 avril 2011
LA NOTION DU DÉSIR CHEZ LE COUPLE 69 partie
COMMENT CONTRER LA RÉSISTANCE AU ROMANESQUE * Si votre partenaire n’est pas aussi romanesque que vous l’aimeriez, vous pouvez l’y encourager de différentes façons. Le premier principe dont il faut vous souvenir est l’encouragement positif. Tout acte valorisé tend à se reproduire plus souvent. Encouragez tous les élans romanesques de votre partenaire, même les plus petits gestes, d’une façon qu’il (ou elle) apprécie : un baiser, un sourire, un regard tendre, un remerciement chaleureux. N’attendez pas la perfection. Attachez-vous à ce que vous obtenez, pas à ce qui vous manque. L’amour romantique non reconnu par l’autre finit par se flétrir et se faner. * Le second principe est d’éviter les reproches. Si vous critiquez sans cesse votre partenaire sur son manque d’attention romanesque, lui cherchez querelle ou ne cessez de râler, vous augmentez le risque de voir votre partenaire être encore plus parcimonieux(se) dans ses élans, ou se forcer à en avoir uniquement pour vous faire plaisir. * Enfin, comme je l’ai déjà dit au début de ce chapitre, définissez le sens des mots « Je t’aime » pour votre partenaire, et passez à l’action. (Les exercices 1 et 2, proposés à la fin de ce chapitre, vont vous aider à accomplir ce processus pas à pas). La meilleure façon d’aider votre partenaire à devenir plus romantique est de faire concilier votre propre expression de l’amour à ses besoins et désirs personnels à lui (elle). En agissant ainsi, vous pouvez aider certaines de ses blessures émotionnelles cachées à se refermer, l’aidant à devenir le (la) partenaire romantique dont vous rêvez. * Certains d’entre vous sont peut-être dans la position inverse, rejetant les attentions romanesques de leur partenaire. Une des raisons à cela peut être que vous n’avez pas l’impression de mériter autant d’amour. Béatrice, 33 ans, m’a parlé de la difficulté qu’elle avait à accepter les élans romanesques de son partenaire : « Un soir, alors que je rentrais à la maison après mon travail, Léo m’a fait la surprise de me préparer un petit dîner fin. Il avait installé la table au bord de la piscine et des tas de bougies flottaient sur l’eau. Mais j’ai été incapable d’entrer dans l’ambiance qu’il avait créée. J’avais fantasmé des centaines de fois sur ce genre de choses, mais je ne pouvais accepter que cela m’arrive à moi. » * On constate souvent que les personnes étant résistantes au romanesque ont été dépourvues d’amour pendant leur enfance. Quand leur partenaire a des attentions délicates à leur égard, il se passe en elles une dissonance cognitive : la vision que leur partenaire a d’elles ne correspond pas à l’image terne qu’elles ont d’elles-mêmes. Elles peuvent aussi avoir l’impression que les démonstrations d’amour de leur partenaire les rendent davantage conscientes de leurs souffrances enfantines. Il n’y a pas longtemps, lors d’un atelier de réflexion, j’aidais un couple à pratiquer l’exercice du miroir, quand la femme s’est mise à pleurer. Son partenaire et elle ont été troublés par ses larmes car l’exercice se passait très bien, et il s’installait entre eux un profond sentiment d’intimité. J’ai alors demandé à cette femme ce qui justifiait ses larmes. * « Je ne sais pas », a-t-elle répondu. * « Mais avez-vous plutôt l’impression que ce sont des larmes de tristesse ou de joie? » « Les deux à la fois! », a-t-elle dit en sanglotant. « Je suis heureuse de me sentir proche de Stéphane, mais une partie de moi est convaincue de ne pas le mériter. Je ne me suis jamais sentie aussi proche de qui que ce soit jusqu’à maintenant. » * Je lui ai dit alors de poser la tête sur l’épaule de son mari et de ne pas retenir ses larmes. Je lui ai expliqué que si elle pouvait sortir d’elle-même certaines de ses pensées douloureuses, elle pourrait progressivement se sentir plus à l’aise sur les plans intimes les plus profonds. Douillettement blottie dans les bras de son mari, elle a pu se libérer de certaines douleurs qu’elle avait gardées en tête depuis de longues années. Lorsqu’elle se trouvera de nouveau confrontée à un profond stade d’intimité avec son mari, il y a de grandes chances qu’elle l’accepte plus facilement. * Je peux m’identifier aux personnes qui ont tendance à résister au romanesque car j’ai moi-même été confronté au problème. Lorsque j’étais enfant, mon père diplomate de métier voyageait souvent et n’était pas à la maison et ma mère n’était pas disponible sur le plan émotionnel. Quelque part au fond de moi, j’avais le sentiment que cette absence de contacts physiques et émotionnels était due au fait que je n’en valais pas la peine. Plus tard dans ma vie, quand une femme exprimait son amour pour moi, j’étais très méfiant et la mettais à l’épreuve. Si elle s’acquittait avec succès du premier test, je la soumettais à un autre plus difficile. Il arrivait que ma résistance pousse mes partenaires à bout. Certaines m’ont dit : « il n’est pas simple de t’aimer ». Et elles avaient raison. * Une des choses qui m’ont aidé à venir à bout de ma résistance a été l’amour persévérant de mon amoureuse. Malgré toutes les embûches, il a continué patiemment à me témoigner concrètement son amour. Je ne lui rendais pas la chose facile. Par exemple, quand nous nous sommes rencontrés la première fois, elle a immédiatement senti mon goût pour les vêtements et les bijoux sortant de l’ordinaire. Elle s’est alors mise en quête de boutiques originales que je ne connaissais pas pour me faire plaisir, mais je la devançais chaque fois pour m’offrir ce qui m’attirait. En peu de temps, il n’y avait plus rien, dans la boutique, que j’aime vraiment. Et quand ses cadeaux sont devenus moins fréquents, je me suis mis à elle en faire le reproche. Heureusement, elle a percé mon manège à jour et m’a aidé à voir à quel point je sabotais ses efforts. J’ai peu à peu pris conscience du fait que dans mon enfance, j’avais la sensation de ne pas mériter les attentions aimantes et que je ne devais compter que sur moi-même pour me faire plaisir. Mais grâce aux efforts constants de mon amoureuse, je me suis finalement rendu compte que j’étais une personne digne d’amour, et que je pouvais compter sur ses attentions romantiques. * Depuis, elle continue toujours à me témoigner son amour par des actes concrets. Pas plus tard que vendredi dernier, alors que je rentrais épuisé de six jours consécutifs d’ateliers de réflexion, à neuf heures du soir, j’étais loin d’être d’humeur romanesque. Une bonne odeur de bain frais a attiré mes pas vers la cuisine. Mon amoureuse était là en train de préparer une vraie soupe au poulet (pas en sachet!), ma soupe préférée. Elle lui avait fallu toute l’après-midi pour confectionner ce pain et cette soupe. Et elle avait programmé la cuisson du pain pour qu’il soit prêt à être sorti du four cinq minutes avant l’heure prévue de mon arrivée. Instantanément, je me suis senti revivre. Nous avons échangé nos nouvelles de la semaine dans un climat de profonde intimité, nous avons dîné un peu tard et nous sommes montés nous coucher. Puis nous avons fait l’amour, non parce que je me sentais obligé envers elle, mais parce que j’avais réellement le désir de lui faire l’amour. Encore un exemple du pouvoir du romanesque et de la façon surprenante dont les neuf éléments d’une relation amoureuse sont liés les uns aux autres. *
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