Les hommes sont-ils victimes de violence conjugale?
Les résultats obtenus dans les enquêtes portant sur la résolution des conflits familiaux indiquent une symétrie de la violence conjugale. Les taux de violence vécue par les conjoints sont élevés et ont tendance à être équivalents entre les hommes et les femmes.
Ce résultat est constant dans toutes les enquêtes. Dans l’ESG de 1999, le taux de prévalence de la violence subie de la part du partenaire actuel est de 13/00 pour les hommes et de 17/00 pour les femmes au Québec. Au Canada, elle est de 17/00 tant pour les hommes québécois et 29/00 pour les femmes. Les taux quinquennaux paraissent étonnants. Cela signifie-t-il que les hommes sont davantage victimes que les femmes? Selon Laroche (2003, p.37), s’il se confirme dans des enquêtes subséquentes, cet écart sur cinq ans pourrait vouloir dire que « les hommes ont tendance à demeurer plus longtemps que les femmes dans une union marquée par la violence conjugale ». Il est aussi possible que la « désistance » de la violence conjugale soit plus élevée chez les femmes que chez les hommes.
Mais pourquoi existe-t-il une telle symétrie des taux de violence conjugale subie par les femmes et par les hommes dans ces enquêtes? Cela est dû au contexte dans lequel se déroulent ces enquêtes de population. Elles portent sur la déclaration des comportements dans le couple. Cela touche essentiellement la violence mineure, commune, celle dont on peut dire qu’elle est situationnelle. Ce type de violence n’est pas nécessairement chronique et il survient à l’occasion. Il n’implique pas des séquelles graves immédiates et n’est pas considéré par les partenaires eux-mêmes comme un acte criminel. Des 40% à 80% de ces actes ne sont pas rapportés en tant que crimes. La violence constatée dans les enquêtes portant sur des conflits familiaux est plus fréquente, relativement mineure, et elle implique une réciprocité des attaques entre les partenaires, la victime pouvant être aussi l’agresseur. Certains auteurs parlent de mutualité de la violence situationnelle; elle sous-tend une dynamique des relations interpersonnelles axée sur des actions agressives dans la résolution des conflits. Le caractère bidirectionnel de cette violence expliquerait la symétrie dans la prévalence des taux de violence subie par les femmes et les hommes. On peut certes affirmer que les hommes aussi subissent de la violence de la part de leur conjointe. Par contre, la violence grave est peu déclarée dans les enquêtes de population pour des raisons de conformité sociale.
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