La technique du cœur
Cette technique permet d’aborder avec la cliente, les questions suivantes : ses blessures émotives, ses pertes personnelles, son estime de soi, la notion de territoire et ses sentiments actuels. Cela peut faire l’objet de plusieurs entrevues et servir de point de référence pour explorer les sentiments reliés à de nouvelles situations de vie. Selon les besoins de la cliente, cette technique peut être employée à différentes étapes de l’intervention.
Voici les quelques consignes pour la réalisation du dessin du cœur. Vous proposez à la femme battue de faire un exercice qui permettra d’échanger sur ce qu’elle vit. La directive consiste uniquement à lui demander de dessiner son cœur et de nommer ceux qui l’habitent. Pour cela, elle divise son cœur en plusieurs parties et cela, en fonction de la place que les personnes ou les choses occupent dans sa vie.
De façon générale, les femmes divisent donc leur cœur en y plaçant les personnes importantes de leur vie. L’agresseur y occupe une grande place, comme habitant du cœur ou comme blessure, à la suite d’une rupture. Il est très courant de constater que les victimes ne se donnent aucune place dans leur cœur. Cette constante se retrouve également chez un grand nombre de femmes, même si elles n’ont pas été violentées.
Le premier niveau d’échange avec la femme battue se fait à partir de la place qu’elle s’est donnée, ou pas, dans le dessin qu’elle a fait. Il est alors possible de l’inciter à verbaliser les sentiments qu’elle éprouve devant l’absence ou le peu d’espace qu’elle s’est octroyée. Vous pouvez vérifier, avec elle, si elle se trouve vraiment dans cette situation et lui demander ce qu’elle ressent devant le fait de ne pouvoir prendre la place qui lui revient dans son couple, dans sa famille et dans son milieu. Il est alors possible d’explorer les peurs qui la maintiennent dans cette position et ce qu’elle redoute en revendiquant un territoire, une zone personnelle. L’échange se poursuit sur les moyens qu’utilisent les gens qui l’entourent pour la maintenir dans un espace aussi restreint. Elle est alors amenée à identifier quels sont ses sentiments face aux revendications incessantes et envahissantes des autres.
La femme battue réfléchie alors sur cette place qu’elle n’a pas ou sur celle, minime, qu’elle occupe. Elle tentera de nommer les souffrances auxquelles elle est exposée, lorsqu’elle s’insurge contre cet espace vital réduit qui est le sien. Certaines femmes constatent alors qu’elles n’ont pas le droit d’exister pour elles-mêmes et qu’elles ont cessé de penser à elles. Cette prise de conscience douloureuse fait surgir des émotions. Vous donnez alors du support à la cliente afin de l’aider à se centrer, le plus possible, sur ce qu’elle vit et à poursuivre son cheminement.
Après ces premières rencontres qui abordent essentiellement la situation sous l’angle de l’émotivité, la prise de conscience de la dimension sociale du problème (la conscientisation) devient un élément important qui soutiendra la démarche de la femme battue. En établissant des alliances et en donnant des informations concrètes, vous pouvez sensibiliser la cliente à la situation des femmes dans notre société et au fait qu’elles apprennent peu à revendiquer leur territoire. De plus, la règle de l’agresseur, qui consiste à contrôler l’espace vital de sa victime pour maintenir son pouvoir et sa force, est abordée avec la cliente. Resituer le problème dans son contexte social et dans sa dynamique. Ces informations évitent qu’elle se dévalorise, du fait de ne pas revendiquer sa place.
Par la suite, la femme violentée analysera le territoire qu’elle a accordé à chacun dans son « cœur ». Ces espaces, sont-ils fixes? Y-a-t-il des guerres de territoire entre ces « habitants de son cœur »? Lorsque surgissent des conflits, quels sont les perdants? Il est aussi important de regarder, avec elle, ses réactions aux demandes excessives des autres. Essaie-t-elle de répondre à tous en réduisant son peu d’espace? Évite-t-elle de s’opposer aux demandes en tentant d’agrandir de façon impossible son cœur? Elle se reconnaît souvent comme la perdante dans ces agressions et parvient à identifier ses pertes personnelles. Cette étape aide la victime à se centrer sur elle-même et à nommer certains de ses sentiments.
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