Les cauchemars
Dans le DSM III, l'accent est mis sur l'aspect pénible de la réminiscence du souvenir traumatique qui s'accompagne d'un "sentiment de détresse" (DSM III). Or, rarement une telle détresse était présente chez les nouveaux immigrants. En effet, lorsque les cauchemars étaient présents, ils étaient rarement évoqués spontanément. Ce n'était que lorsque les patients étaient interrogés sur la qualité de leur sommeil que certains reconnaissaient en avoir fréquemment. Peu de nouveaux immigrants semblaient préoccupés par ces rêves, même lorsqu'ils leur reconnaissaient les caractéristiques d'un cauchemar, ou plus exactement d'un mauvais rêve.
En fait le plus souvent, les nouveaux immigrants ont exprimé, avec une certaine réticence, l'idée que des fantômes venaient les déranger la nuit. Ces fantômes représentaient généralement les esprits de parents, ou de proches, décédés sous leurs yeux ou encore qui n'avaient pu bénéficier des rituels funéraires appropriés. On reconnaîtra dans ces propos l'expression d'une conception qui se rencontre souvent chez les immigrants et qui fait appel à un fond commun chez eux où le rêve et la réalité sont perçus en étroite relation.
Il sembleraient donc que ces immigrants exprimaient leurs "angoisses" ou leurs "cauchemars" au moyen de représentations traditionnelles du pays concerné. Cependant, il y aurait un risque à réduire trop vite ce "retour de fantômes" à la simple catégories des cauchemars. En effet, ces patients ne présentaient pas ces "visites nocturnes" comme quelque chose de pathologique; au contraire, ils insistaient sur le caractère "normal" de cette expérience, qui selon eux ne constituait pas la raison de la consultation, puisqu'elle traduisait un rapport "d'évidence" entre la venue de fantômes ou d'esprits et l'absence de rite funéraire.
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