samedi 14 janvier 2012

LA DÉTRESSE DES HOMMES - 28e partie


ET QUE DIRE DE LA DÉPRESSION CHEZ LES “BABY-BOOMERS”
La génération canadienne du “baby-boom” n’est pas heureuse.  Elle est même carrément dépressive.  Pas un simple coup de cafard mais une vraie dépression, deux semaines minimum, qui se traduit par un manque d’appétit et de sommeil, un sentiment d’inutilité ou de culpabilité et des idées morbides.
Plusieurs études indiquaient, récemment, que la dépression avait tendance à frapper plus tôt et plus fort chez les 8 millions de personnes nées entre 1947 et 1965, aujourd’hui âgées de 23 à 41 ans.
Elles représentent un tiers de la population canadienne actuelle et elles ont la particularité d’être née à une période ou le nombre des naissances était supérieur de 50 p. cent à celui des années précédentes et de 16 p. cent par rapport aux années postérieures.
Personne ne sait vraiment pourquoi cette frange de la population souffre autant : en 1980, le taux de suicide des 15-24 ans était trois fois supérieur à celui de même groupe en 1950. Les spécialistes avancent des raisons psychologiques, bien sûr, mais aussi sociologiques, économiques et historiques.
“La dépression frappe désormais plus à 20 ou 30 ans qu’à 40 ou 50”, affirme Robert Hirschfeld, de l’Institut national de la génération des “baby-boomers” vient de ce que leurs espérances se sont heurtées à la réalité économique.
Les enfants du “Baby-boom” sont nés à une époque de relative prospérité et sont arrivés sur le marché du travail avec des attentes matérielles très fortes.  “Nous pensions que nous pourrions tout avoir dans ce monde”, affirme M. Hirschfield, lui-même âgé de 45 ans. “Nous nous sommes rendu compte que ce n’était pas du tout le cas.”
Les désirs des “baby-boomers” n’ont pas disparu pour autant.  Pour pouvoir les satisfaire, ils ont justement eu tendance à se replier sur eux-mêmes en restant célibataires ou en ayant très peu d’enfants, lorsqu’ils en ont.
Le stress
“Le résultat, c’est le stress”, estime l’économiste Richard Easterlin. Selon lui, la loi de l’offre et de la demande réduit les possibilités d’emploi, tire les salaires à la baisse et freine la mobilité professionnelle chez les groupes d’âges les plus importants.
Pour d’autres chercheurs, les enfants du “Baby-boom” ont grandi “dans un climat hautement psychologique qui les pousse à se regarder le nombril davantage que les autres générations”. C’est du moins l’avis du sociologue Allan Horwitz, de l’université Rutgers, près de New York. Selon lui, les enfants nés plus tôt étaient tout simplement physiquement malades.
Bref, aucune explication n’est vraiment satisfaisante pour interpréter le malaise des “baby-boomers” canadiens.  Certains suggérent que les études sont biaisées et que le phénomène n’est peut-être pas aussi étendu qu’il y paraît.  À l’appui de cette contre-théorie, le fait que les plus âgés doivent retourner plus loin en arrière pour se souvenir de dépression passée que la génération des 23-41 ans.

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