dimanche 27 mai 2012

LA PHILOSOPHIE - 1e partie


À PROPOS DE DELEUZE
          
Deleuze : Il s’attache à élaborer une nouvelle conception du sujet et du temps, et à bouleverser l’analyse du langage et des évènements. Dans le cadre de ses recherches sur le sens, l’expression, la représentation et les signes, Deleuze a publié deux volumes sur le  cinéma,  Image-mouvement et Image-temps… «  A quoi sert la philosophie? » cette  interrogation traverse toute la pensée de Gilles Deleuze, une pensée sans cesse en mouvement : ouvrir  de nouveaux chantiers de Réflexion, inventer  une autre vision du monde, créer de nouveaux concepts, telle est pour lui la fonction de la philosophie. Son œuvre, dans sa  diversité et sa richesse en témoigne.

Philosophe français, il est né à Paris en 1925, il mettra fin à ses jours en 1995 (70 ans) en se défenestrant alors qu’il était atteint d’une maladie invalidante.

Rebelle aux classifications,  mobile, multiple, Gilles Deleuze fut constamment hors des groupes et des écoles, entre les courants, en liberté perpétuelle. Penseur en cavale, il surgissait toujours ailleurs. À peine lui avait-on collé une étiquette qu’on l’entendait déjà rire autre part. Son œuvre insolite, déroutante, est-elle disparate? Oui, mais pas dispersée. Deleuze s’est employé à devenir Multiple en demeurant unique, toujours répété et, toujours différent. De masque en masque, de livre en livre, sa pensée n’a cessé de poursuivre, avec endurance et une puissance peu communes, quelques questions-clefs : comment inventer les moyens de penser mouvements et évènements? Comment saisir ce qui bouge, génère, fuit, devient, invente, glisse, surgit… au lieu de chercher à contempler ce qu’on suppose être fixe, immuable, éternel, stable, immobile? Comment comprendre que l’on parle d’un monde, d’un temps, d’une langue, d’un corps d’un esprit, alors qu’il y a une infinité mouvante d’émotions, d’humeurs, de phrases d’instants, d’innombrables postures évanescentes des organes et des mots, dont chacune, à soi seule, définit un univers? Comment dire ce qui n’a lieu qu’une fois, et qui pourtant s’insère dans une série?
Ces interrogations se rattachent toutes à une source commune : comment être philosophe après Nietzsche?   Gilles Deleuze fut l’un  des très rares, avec Michel Foucault, à tenter de relever ce défi : inventer encore la philosophie, alors que vérité, sujet, souveraineté de la raison et autres armes jugées indispensables depuis Platon jusqu’à Hegel se trouvaient inutilisables, détraquées ou risibles.

Beaucoup ont esquivé le problème. Deleuze s’est  voulu philosophe malgré tout. Avec  jubilation et avec génie. Ce ne fut pas sans tâtonnements ni sans risques. D’où trois portraits possibles, aussi arbitraires et trompeurs que n’importe quel cliché de la vie.

Semer des désordres :
Premier visage : Deleuze en professeur. Apparence classique. L’auteur signe de savants ouvrages. Ils ressemblent à s’y méprendre à des travaux d’histoire de la philosophie. De son premier livre, consacré à Hume, en 1953, et le livre sur Leibniz, en 1988, il explore des systèmes, expose leur systématique, fait saillir leurs lignes de force et leurs articulations. Qu’il s’agisse de Spinoza, de Nietzsche, de Bergson, ou même de Kant, à qui il consacre un petit ouvrage, l’essentiel est à chaque fois éclairé. Concepts majeurs, œuvres fondatrices, textes mineurs, gloses de spécialistes, tout se trouve ramassé en quelques centaines, parfois en quelques dizaines de pages.

Deleuze, ¨maître de lecture¨? Évidemment. Historien de la philosophie, dans la meilleure tradition universitaire? Ce n’est pas si simple. Car jamais avec Deleuze une silhouette ne se donne sans arrière-plan. Dans l’histoire de la philosophie, il s’infiltre pour semer des désordres; les œuvres qu’il étudie, la philosophie les fait tourner à sa manière. Le jeu de Deleuze consiste à les agencer de telle sorte qu’elles s’offrent sous une lumière inattendue, à la fois fidèle et monstrueuse. Avec des pièces authentiques, il compose une machine inédite. Il expose ces philosophies à des aventures étranges, fabriquant à leurs propos des Mécanos qui les gauchissent avec minutie. Le choix des œuvres étudiées parle de lui-même. En dépit de leurs dissemblances, Hume, Spinoza, Nietzsche et Bergson ont en commun d’être d’inclassables gêneurs dans l’histoire de la métaphysique. À des titres divers, ils demeurent en porte-à-faux, hors normes.

Deuxième portrait : Le philosophe en créateur. Inventer des concepts, fabriquer des notions, forger des idées, voilà la tâche qui le définit. Il s’agit toujours de tirer la leçon de Nietzsche. La vérité n’attend nulle part d’être découverte. Elle dépend de notre désir de l’inventer. Ce n’est pas une plénitude ou une totalité, mais le jeu imprévu permis par l’existence de cases vides, de manques d’imperfections au sein de l’identité. N’allons pas imaginer un créateur de vérité décidant souverainement ce qu’il va faire.

Ce sont des mouvements obscurs. Il s’agit de les accompagner, non de les faire exister, de les suivre, non de les représenter. Avecˆ Différence et Répétition¨ (1969), qui demeurera sans doute son livre majeur, Deleuze sape une large part de l’édifice de la tradition. Il tente en effet de liquider le principe d’identité, tout en  élaborant une nouvelle  conception du sujet et du temps, un « empirisme transcendantal » en rupture avec presque tout l’héritage philosophique. Résultat global : les notions d’objet et de sujet se trouvent décomposées. Il n’y a que des choses singulières, différenciées par leur position dans l’espace, même quand nous les déclarons identiques. Le sujet ne préexiste pas, il ne produit pas les représentations qui constituent le monde. Il est au contraire produit par les jeux multiples du réel et de l’immanence. Il est engendré par des séries de « synthèses  passives » d’où il émerge comme une sorte de conglomérat. «  Ce qui est ou revient n’a nulle identité préalable et constituée. » Il n’y a que des agencements, des processus et des altérations.

                                      Les Stoïciens et Lewis Carroll
Reste à comprendre comment peuvent se produire les stabilités du langage, comment se mettent en place les univers de signification où nous sommes immergés. Leur existence fait naître en effet de fortes objections à une pensée entièrement centrée sur la singularité des évènements. Deleuze s’attaque à cette question avec ¨Logique du Sens¨, publié également en 1969. Il y développe une analyse des paradoxes et des surfaces, de leur relation aux évènements et au corps, esquissant une topologie de sens et du non-sens. 
Complémentaires, ces deux livres s’opposent par leur style. ¨Différence et Répétition¨ est une thèse. La facture est classique, si le contenu ne l’est pas. Logique du Sens se compose de 34 séries et de cinq appendices, comme si la pensée ne progressait plus d’étape en étape sur une ligne unique mais s’offrait en réseau, par des trajectoires convergentes ou par des coulées autonomes. Les références ne sont plus celles que la philosophie reconnaît habituellement pour siennes.

À côté des Stoïciens, Deleuze prend au sérieux Lewis Carroll. Petites filles et schizophrènes croisent Platon et Lucrèce. Entre théorie et fiction, ou entre philosophie et littérature, la ligne de démarcation est déplacée, estompée, voire annulée. Gombrowicz, Fitzgerald, Joyce, mais aussi Klossowski, Fournier, Zola sont considérés comme des expérimentateurs de pensée.

C’est à Proust déjà que Deleuze avait demandé une théorie du signe (1961), à Sacher Masoch  une théorie du contrat (1967). Ce mouvement ira en s’amplifiant. C’est en vain qu’on tenterait de distinguer nettement ce que Deleuze trouve ou emprunte chez un auteur et ce qu’il y apporte. Dans une œuvre, il s’embarque et semble se laisser porter. En fait, il est seul à pouvoir suivre les courants que son parcours y révèle. Chez le peintre Francis Bacon, il suit une logique de la sensation (1981), chez les cinéastes une pensée de l’image-mouvement (1981), puis de l’image-temps (1983). C’est en revanche chez le philosophe Michel Foucault qu’il fait l’expérience d’une théorie du visible et de l’invisible.

Deleuze expérimentateur. : C’est ainsi qu’il pensait. Non pas en plaquant ses schémas, établis à l’avance, sur un matériau inerte, mais en se laissant altérer par les courants du dehors, en acceptant leur dérive. La pensée avec Deleuze est donc expérience de vie, plutôt que de raison. C’est une aventure charnelle et affective, une affaire de sensibilité avant d’être une opération intellectuelle. C’est pourquoi, tout en cultivant la solitude, il n’a jamais pensé seul, mais toujours à partir d’amis, de complices, de proches, vivants ou morts.

C’est pourquoi il s’est engagé avec Félix Guattari, dans cette expérience peu commune d’une pensée à deux, d’où sortirent l’Anti-Oedipe (1977), Kafka, ¨Pour une Littérature Mineure¨(1975),¨Rhizome¨(1976),¨Mille Plateaux¨ (1980) et¨ Qu’est-ce que la Philosophie¨? (1981). Deleuze-Guattari essaient de nouvelles manières d’écrire et de penser la politique, le hors- norme, l’espace, l’inconscient, le pouvoir, l’État, les langues et les peuples, les définitions de l’art, de la science et de la philosophie. Il ne s’agit plus de parler du Multiple, mais de la pratiquer. Ils s’emploient à inventer des concepts indéterminés, aux utilisations aléatoires et proliférantes.

                                                     La positivité du désir
¨L’ANTI-ŒDIPE ¨: en dépit de son titre, n’est pas un livre contre la psychanalyse, une dénonciation de son  caractère réducteur qui ramène l’intarissable inventivité de l’inconscient au scénario médiocre du huis clos avec papa-maman. Mieux vaut la lire comme une défense et illustration  de la posivité du désir, de la richesse créatrice de ses mécanismes productifs, de son ouverture aux évènements politiques et aux mouvements sociaux. Le bruit que fit ce livre, les polémiques qu’il suscita, les effets de mode qui s’y greffèrent, certaines aussi de ses propres errances ont peut-être empêché qu’on en aperçoive toute la portée.¨ Mille Plateaux¨ ne connut pas le même sort. Deleuze et Guattari y tentent pourtant d’étonnantes expériences, en élaborant de nouveau une approche de l’évènement plutôt que de l’être, des actes singuliers ou des processus concrets plutôt que de l’activité en général.

Critiquant la psychanalyse qui réprime le désir au nom de cette morale bourgeoise, Deleuze et Guattari le réhabilitent et en affirment la force de création et de subversion. L’inconscient est une ¨machine désirante¨, dont la fonction est de produire le désir générateur d’une puissance créatrice d’énergie et de renouveau. ¨Qu’est-ce que la philosophie¨? Ouvrage tardif, rédigé «  quand vient la vieillesse et l’heure de parler concrètement » restera sans doute un des classiques de cette fin de siècle.

Bien d’autres portraits de Deleuze étaient possibles et souhaitables; en gauchiste, en rieur, en saint, en pervers, en nuage, en ami fidèle, en énigme, en météore; tous auraient été trompeurs et vraisemblables. Parce qu’avec lui les lignes de partage sont des lieux d’échange autant que des tracés de démarcation.   

Pour Deleuze, le complexe d’Oedipe est une invention contraignante. Même Freud ne sort pas de ce point de vue étroit du moi. Et ce qui l’en empêchait, c’était sa formule trinitaire à lui- l’Oedipienne, la névrotique : papa-maman-moi. Il faudra se demander si l’impérialis-analytique du complexe d’Œdipe n’a pas conduit Freud à retrouver et à garantir de son  autorité le concept fâcheux d’autisme appliqué à la schizophrénie. Car enfin, il ne faut rien se cacher. Freud n’aime  pas les schizophrènes. Il n’aime pas leur résistance à l’oedipianisation, il a plutôt  tendance à les traiter comme des bêtes : ils prennent les mots pour des choses, dit-il, ils sont apathiques, narcissiques, coupés du réel, incapables de transfert; ils ressemblent à des philosophes, « ressemblance indésirable » On s’est souvent interrogé sur la manière de concevoir analytiquement le rapport des pulsions et des symptômes, du symbole et du symbolisé.

Est-ce un rapport causal, ou bien de compréhension, ou d’expression? La question est posée trop théoriquement. Car, en fait, dès qu’on nous met dans Œdipe, dès qu’on nous mesure à Œdipe, le tour est joué, et l’on a supprimé le seul rapport authentique qui était de production. La grande découverte de la psychanalyse fut celle de la production désirante, des productions de l’inconscient. Mais avec Œdipe, cette découverte fut vite occultée par un nouvel idéalisme : à l’inconscient comme usine, on a substitué un théâtre antique aux unités de production de l’inconscient, on a substitué la représentation; à l’inconscient productif, on a substitué un inconscient qui ne pouvait plus que s’exprimer(le mythe, la tragédie, le rêve).
Quand Œdipe se glisse dans les synthèses disjonctives de l’enregistrement désirant, il leur impose l’idéal d’un certain usage, limitatif ou exclusif, qui se confond avec la forme de la triangulation- être papa- maman, ou enfant. C’est le règne du ou bien dans la fonction différenciante  de la prohibition de l’inceste : là c’est maman qui commence, là, c’est papa, et là c’est toi. Reste à ta place ( . )Le malheur d’Œdipe est précisément de ne plus savoir où commence qui, ni qui est qui. Et « être parent ou enfant » s’accompagne aussi de deux autres différenciations sur les côtés du triangle, « être homme ou femme », « être mort ou vivant ». Œdipe ne doit pas plus savoir s’il est vif ou mort, homme ou femme, que parent ou enfant. Inceste, tu seras zombi et hermaphrodite. C’est bien en ce sens que les trois grandes névroses dites familiales semblent correspondre à des défaillances oedipiennes de la fonction différenciante ou de la synthèse disjonctive : le phobique ne peut plus savoir s’il est parent ou enfant, l’obsédé, s’il est mort ou vivant, l’hystérique, s’il est homme ou femme. Bref, la triangulation familiale représente le minimum de condition sous lequel un « moi »reçoit les coordonnées qui le  différencient à la fois quant à la génération, quant au sexe et quant à l’état. Et la triangulation religieuse confirme ce résultat sur un autre mode : ainsi dans la trinité, l’effacement de l’image féminine au profit d’un symbole phallique montre comment le triangle se déplace vers sa propre cause et tente de l’intégrer. Il s’agit cette fois du maximum des conditions sous lesquelles les personnes se différencient. C’est pourquoi nous importait la définition Kantienne qui pose  Dieu comme principe à priori du syllogisme disjonctif, en tant que toute chose en dérive par limitation d’une réalité plus grande (omnituds realitis) : humour de Kant qui fait de Dieu le maître d’un syllogisme.

Le propre de l’enregistrement Oedipien, c’est d’introduire un usage exclusif, limitatif, négatif, de la synthèse disjonctive. Nous sommes tant formés par Oedipe que nous avons peine à imaginer un autre usage; et même les trois névroses familiales n’en sortent pas, bien qu’elles souffrent de ne plus pouvoir l’appliquer. Nous avons vu s’exercer partout dans la psychanalyse, chez Freud, ce goût des disjonctions exclusives. Il apparaît toutefois que la schizophrénie nous donne une singulière leçon extra-Oedipienne, et nous révèle une force inconnue de la synthèse disjonctive, un usage immanent qui ne serait plus exclusif ni limitatif, mais pleinement affirmatif, illimitatif, inclusif. Une disjonction qui reste disjonctive et qui pourtant affirme les termes disjoints, les affirme à travers toute leur distance, sans limiter l’un par l’autre ni exclure l’autre de l’un, c’est peut-être le plus haut paradoxe, « Soit…soit », au lieu de « ou bien », le schizophrène n’est pas homme et femme. Il est homme ou femme, mais précisément il est des deux côtés, homme de côté; homme du côté des hommes, femme du côté des femmes.

Le schizophrène est mort ou vivant, non pas les deux à la fois, mais  chacun des deux au terme d’une distance qu’il survole en glissant. Il est enfant ou parent, non pas l’un et l’autre, mais l’un au bout de l’autre comme les deux bouts d’un bâton dans un espace indécomposable. Tel est le sens des disjonctions où Beckett inscrit ses personnages et les évènements qui leur arrivent. Tout se divise, mais en soi-même. Même les distances sont positives, en même temps que les disjonctions incluses. Ce serait méconnaître entièrement cet ordre de pensée que de faire comme si le schizophrène  substituait aux disjonctions de vagues synthèses d’identification des contradictoires, comme le dernier des philosophes hégéliens. Il ne substitue pas des synthèses de contradictoires aux synthèses disjonctives, mais à l’usage exclusif et limitatif de la synthèse disjonctive, ilsubstitue un usage affirmatif. Il est et reste dans la disjonction : il ne supprime pas la disjonction en identifiant les contradictoires par approfondissement, il l’affirme au contraire par survol d’une distance invisible. Il n’est pas simplement bisexué, ni entre les deux, ni intersexué, mais transsexué . Il est transvimort, transparenfant. Il n’identifie pas deux contraires au même, mais affirme leur distance comme ce qui les rapporte l’un à l’autre en  tant que différents. Il ne ferme pas sur des contradictions, il s’ouvre au contraire, et, tel un sac gonflé de spores, les lâche comme autant de singularités qu’il enfermait indûment, dont il prétendait exclure les unes, retenir les autres, mais qui deviennent, maintenant des points-signes, tous affirmés par leur nouvelle distance. Inclusive, la disjonction ne se ferme pas sur ses termes, elle est au contraire illimitative.   « Alors que je n’étais plus cette boîte fermée à laquelle je devais de m’être si bien conservé, mais une cloison s’abattait. », qui libère un espace où Molloy et Moron ne désignent plus de personnes, mais des singularités accourues de toutes parts, agents de production évanescents. C’est la disjonction libre; les positions différentielles subsistent parfaitement; elles prennent même une libre valeur, mais elles sont toutes occupées par un sujet sans visage et transpositionnel.

Schreber est homme et femme, parent et enfant, mort et vivant : c'est-à-dire il est partout où il y a une singularité dans toutes les séries et dans tous les rameaux marqués d’un point singulier, parce qu’il est lui-même cette distance qui le transforme en femme, au bout de laquelle il est déjà mère d’une humanité nouvelle et peut enfin mourir.

Donc pour Deleuze, l’Œdipe représente une invention répressive de la société capitaliste. Il n’y a pas tant d’Œdipe, mais une oedipianisation, qui substitue « un théâtre antique à l’inconscient comme usine   l’illustration la  moins claire de ce que pourrait  être l’homme sans Œdipe est le schizophrène, symbole d’une force infinie, celle du désir.

On voit bien la querelle autour de l’Œdipe saisit les psychanalystes eux-mêmes. Wilhelm Reich est certainement le premier en date à avoir entrepris la croisade anti oedipienne, ou plutôt la campagne contre son universalité. Il reprend l’argument de Malinowski selon lequel il existe des civilisations dans lesquelles le père n’exerce aucune répression sur l’enfant. À la place, s’instaure un complexe de famille nucléaire, dont l’Œdipe ne serait qu’un avatar caractéristique des rapports de production capitaliste. Ainsi se trouveraient réconciliés Freud et Marx.

Cela s’accorde aux conceptions qu’il adoptera à la fin de sa vie. Les obstacles mis à la libre circulation de l’énergie, en particulier orgasmique, déterminent un reflux énergétique venant réinvestir des positions très anciennes normalement dépassées. L’individu ne peut fusionner avec les forces cosmiques.

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