Comment agissent les plantes
Si la composition des végétaux et de leurs essences, la présence de tels et tels constituants permettent généralement une explication logique, donc acceptable, de leurs diverses propriétés, des auteurs ont cherché par d’autres voies à expliquer leur mode d’action.
La théorie de Filatov, à laquelle certains se refèrent repose sur la notion suivante : un tissu vivant (humain, animal ou végétal) séparé de son organisme et conservé dans des conditions de souffrance (dessication, froid, distillation) produit, dans le cadre de sa lutte pour la vie, des substances de résistance appelées bio ou phytostimulines. Ces noms commencent à être connus. Ces stimulines, introduites dans un organisme déficient, activeront les processus vitaux défaillants, améliorèront les diverses fonctions physiologiques, lutteront contre l’infection en renforçant le terrain.
Selon une optique différente, les végétaux et particulièrement les essences ont été comparés à de véritables hormones végétales. On sait que diverses hormones ont été découvertes dans de nombreuses plantes, dont la liste s’allonge constamment.
Certains travaux donnent, par ailleurs, tout lieu de penser que les plantes et leurs essences seraient susceptibles d’agir en modifiant le champ magnétique des sujets.
Pour d’autres auteurs, les extraits des plantes agiraient par l’effet de vibrations sur le système vago-sympathique, les ouvrages de Ch. la ville et de Lakhowsky, notamment, éclairent ces dernières conceptions d’un jour particulier.
Enfin les récentes études sur l’acidité, la résistivité, le pouvoir d’oxydo-réduction de certains extraits de plantes, et surtout des essences aromatiques, tendraient à démontrer que leurs propriétés s’opposent à la pullulation microbienne. La valeur de certains facteurs physiques présentés par les essences pourrait expliquer leur action dans le traitement de nombreuses affections, y compris les plus graves, comme les états cancereux.
La vérité doit, semble-t-il, tenir compte de ces divers éclairages. Les phénomènes biologiques apparaissent d’une complexité sans rapport avec nos actuels moyens d’investigation. S’il est du devoir de l’homme de chercher toujours plus à sonder les mystères, “on ne doit enfermer aucune méthode biologique dans une formule, car tôt ou tard, les faits la brisent”. Ainsi que l’écrivait Charles Nicolle. Force nous est de continuer à observer et, à croire, quand les preuves scientifiques, nous font provisoirement défaut, ce que nos yeux nous enseignent, car à plus forte raison une accumulation des faits.
De nombreux travaux et expérimentations ont permis de démontrer qu’en matière thérapeutique la plante entière est souvent supérieure au principe actif isolé. À l’exemple de l’opium que nous avons cité déjà, nous en ajouterons quelques autres.
La quinine ne guérit pas toujours le paludisme, que l’usage de l’écorce de Quinquina, riche en composés divers, guérit totalement. Étudiant les vertus antisudorales de l’agaric, Hofmeister et Combemale, sont d’avis que l’acide agaricique est le seul principe actif. Mais les recherches de Bardet semblent prouver que les résines ont également leur action propre: aussi conseille-t-il de prescrire le produit entier. En ce qui concerne la digitale, tout le monde connaît l’emploi devenu généralisé, de la digitaline dans certaines affections cardiaques. Or, R. Tissot a montré que “les feuilles de valeur normale et constante sont préférables aux glucosides isolés parce qu’elles renferment une série de corps agissant synergiquement”, ‘les semences de semen-contra ont des propriétés vermifuges fréquemment supérieures à celles de leur principe actif, bien connu, la santonine, qui se révèle, par ailleurs, non toujours dépourvue de toxicité. Les principes totaux du bourgeon de peuplier entraînent une excrétion de l’acide urique supérieure à ce qu’obtiennent généralement certains de ces constituants tels que la populine et la salicine. Ainsi, par de multiples exemples, la supériorité du complexe naturel “plante entière” se trouve affirmée sur les divers constituants utilisés isolément, “les subtilités d’action des principes actifs d’une plante entière ne peuvent pas être concurrencés par les substances isolées”, écrit Forsch.
C’est que dans la plante entière, les principes actifs se trouvent aidés, mais aussi compensés et neutralisés dans leurs possibles effets nocifs, par les diverses substances qui les accompagnent, qui les environnent, qui les catalysent en même temps qu’elles les modèrent. “Non seulement écrit le Dr Taylor, les composés fabriqués par les plantes sont infiniment plus variés que ceux dont nous disposons à l’heure actuelle, mais ils sont toujours mieux tolérés par l’organisme parce qu’ils sont le produit naturel d’une chimie de la vie.”
Aussi, les plantes, d’une façon générale, bien que douées de propriétés spécifiques, sont elles pourvues surtout de vertus régulatrices. C’est la raison pour laquelle on pourra voir de nombreux végétaux assortis de qualités apparemment dissemblables, par exemple antispasmodiques. L’usage de nombreuses plantes antispasmodiques (ou sédatives), en combattant l’exacerbation nerveuse préjudiciable, contribuera à rétablir le “calme organique”, mais aussi à stimuler un ou plusieurs organes. Ces plantes se seront comportées, en fait, en réequilibrants organiques.