R. Métellus :
-J’ai lu en rubrique que vous envisagez une nouvelle structure d’habitation à Croix-des-Bouquets à 15 km de Port-au-Prince en Haïti. C’est quoi cette nouvelle structure ?
Pierre Eddy C. :
-Cette nouvelle structure est une forme géodésique qui permet d’utiliser de nouvelles formes de production d’énergie : éolienne dans les mornes et au bord de mer (à évaluer) et solaire.
R. Métellus :
- Cette structure d’habitation se construit comment ?
Pierre Eddy C. :
- Cette structure d’habitation se construit à un coût abordable et rentabilise l’usage des techniques éolienne et solaire de production d’énergie.
R. Métellus :
- Il doit y avoir une certaine contrainte liée à cette forme architecturale ?
Pierre Eddy C. :
- En effet, c’est sa nouveauté tout spatiale, sociale, qu’environnementale. C’est pourquoi nous devons explorer comment nous l’intègrerons dans l’espace rural tout en suivant à la trace les changements que cette forme peut produire. L’introduction de nouvelles technologies dans un milieu de vie social devrait pouvoir se référer à une éthique, laquelle indique une direction et un sens commun à leur développement. Des indicateurs spatiaux et anthropologiques doivent être considérés pour élaborer des procédures d’intégration de cette nouvelle forme architecturale. Il faut tenir compte de l’image de l’environnement et de l’expérience sensible que la population a de cette image.
R. Métellus :
- Qu’en est-il de l’expérience de la population ?
Pierre Eddy C. :
- L’expérience sensible d’une population à l’égard d’une construction qui est usinée dans son environnement est très importante à considérer. En effet, c’est à partir de cette expérience qu’elle peut vivre une relation harmonieuse avec son environnement et ressentir une impression de sécurité émotive, laquelle est fondamentale pour les relations sociales, bonnes et intéressantes à vivre.
R. Métellus :
- Quel principe allez-vous appliquer dans l’insertion de nouvelles formes d’habitations dans un environnement ?
Pierre Eddy C. :
- L’environnement suggère des relations et des démarcations, et l’observateur, suivant ses objectifs, choisit, organise et charge de sens ce qu’il voit. L’environnement qui est familier à tous fournit une matérialité à la mémoire commune et aux symboles qui lient les personnes entre elles. Le paysage sert de vaste système mnémonique pour la fixation des idéaux et de l’histoire du groupe.
R. Métellus :
- Est-il viable ce projet ?
Pierre Eddy C. :
- La viabilité d’un tel projet repose sur la possibilité de produire une imagibilité forte qui stimule une projection vers l’avenir dans un bon sens (une direction qui est en concordance avec une démocratie haïtienne et avec une appropriation de la modernité) et un sens commun (et là il y a un travail à faire pour que le projet soit connu, voulu et représenté par la population locale et nationale. Il y a certainement une exploration à faire pour trouver les matériaux (qualité/prix) à l’intérieur du pays afin d’assurer son autonomie en matière d’habitation. Ce projet devrait se conjuguer à une démarche écologique de réappropriation de l’environnement (reboisement, irrigation).
Ce projet pourrait être aussi l’occasion d’instruction (et non d’éducation) dans le cadre de l’alphabétisation sur : les formes énergétiques, les relations de pouvoir et les relations économiques qui dirigent actuellement les formes d’utilisation de l’énergie de l’énergie à travers le monde, les relations de l’homme avec son environnement dans une perspective d’autonomie d’Haïti par rapport à l’extérieur ; la modernité, une culture politique de démocratie.
R. Métellus :
- Quel type d’entreprise êtes-vous en train de créer en Haïti ; une entreprise capitaliste ou philanthropique ?
Pierre Eddy C. :
- Mon projet est de type philanthropique. Car les entreprises capitalistes appartiennent à leurs actionnaires qui y ont risqué de l’argent dans l’intention d’en retirer des bénéfices. Les biens ou services produits par ces entreprises ne sont pas destinés aux actionnaires eux-mêmes, si ce n’est que par accident, ils sont plutôt destinés à une clientèle extérieure qui est invitée à se les procurer moyennant rémunération.
Alors que les entreprises philanthropiques sont possédées par des sociétés de bienfaisance ou quelques noyaux d’individus dans le but de fournir gratuitement ou au prix coûtant des biens ou des services à certains groupes de gens aux ressources limitées. Les vrais responsables de ces entreprises est de la continuité de leur fonctionnement sont des personnes autres que celles à l’avantage desquelles les dites entreprises ont été destinées.
R. Métellus :
- Vous qui avez travaillé au niveau de l’organisation internationale et en tant que sociologue, comment voyez-vous l’aide internationale ?
Pierre Eddy C. :
- La politique d’aide au développement ne relève pas d’une démarche unilatérale et généreuse du Canada vis-à-vis du peuple haïtien. Il faut donc démystifier le discours qui tend à faire passer pour de l’aide humanitaire une politique qui s’inscrit dans le cadre d’une stratégie globale élaborée par les USA, visant à accélérer le processus d’intégration de la formation sociale haïtienne au marché mondial et à maintenir le statu quo politique. La supercherie consiste à la fois légitimer la politique de mise en tutelle du pays considéré comme congénitalement incapable de se développer par lui-même et à présenter toute opération réalisé en Haïti par le Canada pour de l’aide désintéressée.
R. Métellus :
- Mais encore…
Pierre Eddy C. :
- Étudier les questions du rôle de l’aide canadienne à Haïti revient à analyser comment celle-ci intervient à la fois :
-sous le contexte de l’aide internationale à Haïti, pour assurer le maintien d’un pouvoir anachronique, corrumpu, dont le seul but est de durer.
-pour dé-structurer la société haïtienne
Les instruments privilégiées de cette intervention source que depuis 1973 on appelle les opérations de développement menées par des organisations (comme le DRIPP) financée par l’aide étrangère, contrôlées techniquement par des experts étrangers, et autonomes par rapport à l’État Haïtien dont le rôle se trouve limité.
R. Métellus :
- Cette politique d’assistance a débuté à quel moment ?
Pierre Eddy C. :
- Cette politique massive d’assistance à Haïti a débuté dans les années 1970, comme le souligne un document de l’ACDI.
Cette politique a abouti à un processus de déstructuration de la société traditionnelle haïtienne, et ce processus a crée un monde disloqué, difforme et monstrueux à l’intérieur duquel les possibilités de développement apparaissent étouffées.
R. Métellus :
- C’est épouvantable ce que vous évoquez ?
Pierre Eddy C. :
- Mais comment aurait-il pu en être autrement ? Et comment ne pas considérer comme une agression ce qui tend à modifier la société sous prétexte de développement ? Cette politique vise à faciliter la pénétration capitaliste dans les campagnes, y compris dans les secteurs les plus traditionnels. Ce n’est donc pas par hasard si l’exode massif hors Haïti, de dizaines de milliers réfugiés est contemporain à la mise en place des opérations de développement dans les campagnes.
Ce qui se joue en Haïti, actuellement, au-delà de toute rhétorique est un drame sans précédant dans l’histoire du pays et, en effet, la crise (produit de la mondialisation et de la polarisation des classes) atteint les masses populaires au cœur même de leur existence, au point où l’unique espoir de survie semble résider dans la fuite vers un « Ailleurs » de plus en plus problématique.
La politique d’assistance n’a pas abouti à l’amélioration des conditions d’existence de la majorité de la population haïtienne, mais au contraire renforcé les inégalités sociales et accéléré le processus de dégradation des conditions de vie de la grande majorité de la population haïtienne. On ne peut que dresser le bilan de faillite de cette politique d’assistance. L’aide fournie actuellement par le gouvernement canadien n’est plus qu’un cataplasme misérable sur la détresse des masses populaires, et les béquilles d’un régime politique incompétent. La crise que traverse Haïti révèle ainsi à la fois, la faillite du régime actuel et celle du système de domination traditionnelle, dans la mesure où elle touche à la forme et à l’organisation de la société haïtienne. Ainsi l’aide internationale se heurte aux contradictions qu’elle a contribué à engendrer. Elle devient, dans les conditions actuelles, une nécessité permanente.
R. Métellus :
- Vous maîtrisez très bien les rapports internationaux et que pensez-vous du développement durable ?
Pierre Eddy C. :
- Pour conclure l’entretien, je vous répondrai en reprenant les propos d’Aga Khan :
« Par nature, le dogme du développement durable est trompeur : il égare nos esprits de la même manière que l’a fait en son temps, l’idée que la Terre était plate, mais avec des conséquences infiniment plus graves pour notre survie. Ce qui se passe dans les pays pauvres doit nous faire réfléchir ».
En effet, malgré tous les discours sur les besoins vitaux et la lutte contre la pauvreté – et en dépit de plusieurs décennies officiellement consacrées au développement -, le nombre de personnes qui vivent dans le dénuement le plus extrême continue d’augmenter. La notion de « durabilité » est devenue une pieuse incantation au lieu d’inciter à une action urgente et concrète comme cela aurait dû être le cas.
Cependant, la réalité est là, de dire Khan : 80 pays ont un revenu par tête inférieur à celui d’il y a 10 ans ; le nombre de personnes qui vivent avec moins de 1 dollar par jour ne diminue décidemment pas (1,2 milliards), tandis que celui des individus qui gagnent moins de 2 dollars par jour voisine les 3 milliards. Il faudra ainsi cent neuf ans à un pauvre pour obtenir ce que le joueur Zidane peut gagner en un jour !
Le discours d’Aga Khan croit que le développement durable a été perverti en quelques points :
a) Par la méthode des affaires, qui l’a rendu synonyme de croissance durable, qui reflète le conflit entre une vision commerciale et une vision environnementale, sociale et culturelle de monde.
b) L’idée de développement durable a été pervertie par celle d’une culture durable, une abomination orchestrée par un courant promoteur d’un prétendu « usage rationnel ».
c) L’OCDE ou les entreprises des pays de l’organisation de coopérations et de développement économiques verseraient tous les ans 80 milliards de dollars de pots de vin pour obtenir des avantages ou des contrats. Une somme comparable à celle qui permettrait, selon les nations unies, d’éradiquer la pauvreté. De plus en plus détourné des buts affichés, le développement durable ne serait-il qu’un alibi pour maintenir une croissance par nature destructrice de l’environnement.
-J’ai lu en rubrique que vous envisagez une nouvelle structure d’habitation à Croix-des-Bouquets à 15 km de Port-au-Prince en Haïti. C’est quoi cette nouvelle structure ?
Pierre Eddy C. :
-Cette nouvelle structure est une forme géodésique qui permet d’utiliser de nouvelles formes de production d’énergie : éolienne dans les mornes et au bord de mer (à évaluer) et solaire.
R. Métellus :
- Cette structure d’habitation se construit comment ?
Pierre Eddy C. :
- Cette structure d’habitation se construit à un coût abordable et rentabilise l’usage des techniques éolienne et solaire de production d’énergie.
R. Métellus :
- Il doit y avoir une certaine contrainte liée à cette forme architecturale ?
Pierre Eddy C. :
- En effet, c’est sa nouveauté tout spatiale, sociale, qu’environnementale. C’est pourquoi nous devons explorer comment nous l’intègrerons dans l’espace rural tout en suivant à la trace les changements que cette forme peut produire. L’introduction de nouvelles technologies dans un milieu de vie social devrait pouvoir se référer à une éthique, laquelle indique une direction et un sens commun à leur développement. Des indicateurs spatiaux et anthropologiques doivent être considérés pour élaborer des procédures d’intégration de cette nouvelle forme architecturale. Il faut tenir compte de l’image de l’environnement et de l’expérience sensible que la population a de cette image.
R. Métellus :
- Qu’en est-il de l’expérience de la population ?
Pierre Eddy C. :
- L’expérience sensible d’une population à l’égard d’une construction qui est usinée dans son environnement est très importante à considérer. En effet, c’est à partir de cette expérience qu’elle peut vivre une relation harmonieuse avec son environnement et ressentir une impression de sécurité émotive, laquelle est fondamentale pour les relations sociales, bonnes et intéressantes à vivre.
R. Métellus :
- Quel principe allez-vous appliquer dans l’insertion de nouvelles formes d’habitations dans un environnement ?
Pierre Eddy C. :
- L’environnement suggère des relations et des démarcations, et l’observateur, suivant ses objectifs, choisit, organise et charge de sens ce qu’il voit. L’environnement qui est familier à tous fournit une matérialité à la mémoire commune et aux symboles qui lient les personnes entre elles. Le paysage sert de vaste système mnémonique pour la fixation des idéaux et de l’histoire du groupe.
R. Métellus :
- Est-il viable ce projet ?
Pierre Eddy C. :
- La viabilité d’un tel projet repose sur la possibilité de produire une imagibilité forte qui stimule une projection vers l’avenir dans un bon sens (une direction qui est en concordance avec une démocratie haïtienne et avec une appropriation de la modernité) et un sens commun (et là il y a un travail à faire pour que le projet soit connu, voulu et représenté par la population locale et nationale. Il y a certainement une exploration à faire pour trouver les matériaux (qualité/prix) à l’intérieur du pays afin d’assurer son autonomie en matière d’habitation. Ce projet devrait se conjuguer à une démarche écologique de réappropriation de l’environnement (reboisement, irrigation).
Ce projet pourrait être aussi l’occasion d’instruction (et non d’éducation) dans le cadre de l’alphabétisation sur : les formes énergétiques, les relations de pouvoir et les relations économiques qui dirigent actuellement les formes d’utilisation de l’énergie de l’énergie à travers le monde, les relations de l’homme avec son environnement dans une perspective d’autonomie d’Haïti par rapport à l’extérieur ; la modernité, une culture politique de démocratie.
R. Métellus :
- Quel type d’entreprise êtes-vous en train de créer en Haïti ; une entreprise capitaliste ou philanthropique ?
Pierre Eddy C. :
- Mon projet est de type philanthropique. Car les entreprises capitalistes appartiennent à leurs actionnaires qui y ont risqué de l’argent dans l’intention d’en retirer des bénéfices. Les biens ou services produits par ces entreprises ne sont pas destinés aux actionnaires eux-mêmes, si ce n’est que par accident, ils sont plutôt destinés à une clientèle extérieure qui est invitée à se les procurer moyennant rémunération.
Alors que les entreprises philanthropiques sont possédées par des sociétés de bienfaisance ou quelques noyaux d’individus dans le but de fournir gratuitement ou au prix coûtant des biens ou des services à certains groupes de gens aux ressources limitées. Les vrais responsables de ces entreprises est de la continuité de leur fonctionnement sont des personnes autres que celles à l’avantage desquelles les dites entreprises ont été destinées.
R. Métellus :
- Vous qui avez travaillé au niveau de l’organisation internationale et en tant que sociologue, comment voyez-vous l’aide internationale ?
Pierre Eddy C. :
- La politique d’aide au développement ne relève pas d’une démarche unilatérale et généreuse du Canada vis-à-vis du peuple haïtien. Il faut donc démystifier le discours qui tend à faire passer pour de l’aide humanitaire une politique qui s’inscrit dans le cadre d’une stratégie globale élaborée par les USA, visant à accélérer le processus d’intégration de la formation sociale haïtienne au marché mondial et à maintenir le statu quo politique. La supercherie consiste à la fois légitimer la politique de mise en tutelle du pays considéré comme congénitalement incapable de se développer par lui-même et à présenter toute opération réalisé en Haïti par le Canada pour de l’aide désintéressée.
R. Métellus :
- Mais encore…
Pierre Eddy C. :
- Étudier les questions du rôle de l’aide canadienne à Haïti revient à analyser comment celle-ci intervient à la fois :
-sous le contexte de l’aide internationale à Haïti, pour assurer le maintien d’un pouvoir anachronique, corrumpu, dont le seul but est de durer.
-pour dé-structurer la société haïtienne
Les instruments privilégiées de cette intervention source que depuis 1973 on appelle les opérations de développement menées par des organisations (comme le DRIPP) financée par l’aide étrangère, contrôlées techniquement par des experts étrangers, et autonomes par rapport à l’État Haïtien dont le rôle se trouve limité.
R. Métellus :
- Cette politique d’assistance a débuté à quel moment ?
Pierre Eddy C. :
- Cette politique massive d’assistance à Haïti a débuté dans les années 1970, comme le souligne un document de l’ACDI.
Cette politique a abouti à un processus de déstructuration de la société traditionnelle haïtienne, et ce processus a crée un monde disloqué, difforme et monstrueux à l’intérieur duquel les possibilités de développement apparaissent étouffées.
R. Métellus :
- C’est épouvantable ce que vous évoquez ?
Pierre Eddy C. :
- Mais comment aurait-il pu en être autrement ? Et comment ne pas considérer comme une agression ce qui tend à modifier la société sous prétexte de développement ? Cette politique vise à faciliter la pénétration capitaliste dans les campagnes, y compris dans les secteurs les plus traditionnels. Ce n’est donc pas par hasard si l’exode massif hors Haïti, de dizaines de milliers réfugiés est contemporain à la mise en place des opérations de développement dans les campagnes.
Ce qui se joue en Haïti, actuellement, au-delà de toute rhétorique est un drame sans précédant dans l’histoire du pays et, en effet, la crise (produit de la mondialisation et de la polarisation des classes) atteint les masses populaires au cœur même de leur existence, au point où l’unique espoir de survie semble résider dans la fuite vers un « Ailleurs » de plus en plus problématique.
La politique d’assistance n’a pas abouti à l’amélioration des conditions d’existence de la majorité de la population haïtienne, mais au contraire renforcé les inégalités sociales et accéléré le processus de dégradation des conditions de vie de la grande majorité de la population haïtienne. On ne peut que dresser le bilan de faillite de cette politique d’assistance. L’aide fournie actuellement par le gouvernement canadien n’est plus qu’un cataplasme misérable sur la détresse des masses populaires, et les béquilles d’un régime politique incompétent. La crise que traverse Haïti révèle ainsi à la fois, la faillite du régime actuel et celle du système de domination traditionnelle, dans la mesure où elle touche à la forme et à l’organisation de la société haïtienne. Ainsi l’aide internationale se heurte aux contradictions qu’elle a contribué à engendrer. Elle devient, dans les conditions actuelles, une nécessité permanente.
R. Métellus :
- Vous maîtrisez très bien les rapports internationaux et que pensez-vous du développement durable ?
Pierre Eddy C. :
- Pour conclure l’entretien, je vous répondrai en reprenant les propos d’Aga Khan :
« Par nature, le dogme du développement durable est trompeur : il égare nos esprits de la même manière que l’a fait en son temps, l’idée que la Terre était plate, mais avec des conséquences infiniment plus graves pour notre survie. Ce qui se passe dans les pays pauvres doit nous faire réfléchir ».
En effet, malgré tous les discours sur les besoins vitaux et la lutte contre la pauvreté – et en dépit de plusieurs décennies officiellement consacrées au développement -, le nombre de personnes qui vivent dans le dénuement le plus extrême continue d’augmenter. La notion de « durabilité » est devenue une pieuse incantation au lieu d’inciter à une action urgente et concrète comme cela aurait dû être le cas.
Cependant, la réalité est là, de dire Khan : 80 pays ont un revenu par tête inférieur à celui d’il y a 10 ans ; le nombre de personnes qui vivent avec moins de 1 dollar par jour ne diminue décidemment pas (1,2 milliards), tandis que celui des individus qui gagnent moins de 2 dollars par jour voisine les 3 milliards. Il faudra ainsi cent neuf ans à un pauvre pour obtenir ce que le joueur Zidane peut gagner en un jour !
Le discours d’Aga Khan croit que le développement durable a été perverti en quelques points :
a) Par la méthode des affaires, qui l’a rendu synonyme de croissance durable, qui reflète le conflit entre une vision commerciale et une vision environnementale, sociale et culturelle de monde.
b) L’idée de développement durable a été pervertie par celle d’une culture durable, une abomination orchestrée par un courant promoteur d’un prétendu « usage rationnel ».
c) L’OCDE ou les entreprises des pays de l’organisation de coopérations et de développement économiques verseraient tous les ans 80 milliards de dollars de pots de vin pour obtenir des avantages ou des contrats. Une somme comparable à celle qui permettrait, selon les nations unies, d’éradiquer la pauvreté. De plus en plus détourné des buts affichés, le développement durable ne serait-il qu’un alibi pour maintenir une croissance par nature destructrice de l’environnement.
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