Habitude et volonté ne sont peut-être pas aussi dissemblables qu'on le pense, et l'action qu'elles exercent l'une sur l'autre n'est peut-être pas nécessairement une action destructrice.
Il est essentiel à l'acte volontaire d'être conçu et dirigé par l'intelligence; un acte qui serait éxécuté sans intervention de pensée ne pourrait être attribué à la volonté. Mais il n'est pas nécessaire, pour qu'une action puisse être volontaire, que tous les éléments qu'elle comporte soient chaque fois, étudiés avec précision, réfléchis dans le moindre détail. Le chirurgien novice qui prépare une opération revoit avec soin l'anatomie de la partie du corps dans laquelle il doit intervenir, détermine le lieu et la forme des incisions; au cours de la séance opératoire, son esprit est complètement absorbé par l'examen des organes que son intervention met à nu. Dirons-nous qu'il a manifesté plus de volonté que le Vieux praticien qui, comme en se jouant, en quelques coups rapides et décidés, a tranché dans les chairs et atteint l'organe qui réclamait des soins? Au contraire, on trouvera que la prudente lenteur du jeune chirurgien témoigne d'une volonté qui n'est pas encore assez forte, et on hésitera à se confier à lui. Un acte volontaire est donc dirigé par l'esprit, mais il n'est pas nécessaire que l'esprit soit tout entier appliqué à son éxécution. Il suffit qu'on se soit representé le but et que, une fois pour toutes, on ait déterminé les moyens: l'habitude, contrôlée par une attention diffuse, fait le reste.
* à suivre *
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