Réciproquement, il serait erroné de concevoir l'habitude comme un mode d'être totalement passif ou un mode d'agir purement mécanique, bref comme l'antithèse de la volonté.
L'action habituelle ne se réduit pas à de purs réflexes, sans la moindre pensée, sans l'intention la plus vague.
Prenez l'opération qui vous paraît la plus mécanique, par exemple la récitation d'une prière dite des milliers de fois ou les mouvements de la tricoteuse. Si vous essayez d'éxécuter, tout en vous livrant à un calcul mental difficile, un de ces actes qui paraissent se dérouler machinalement, vous commettez, ici ou là, quelque erreur: il n'y a de bon fonctionnement de l'automatisme psychologique que grâce à une attention diffuse et au contrôle inconscient de l'esprit. D'ailleurs, si les mouvements élémentaires que l'analyse discerne dans les opérations habituelles sont, dans une grande mesure, stéréotypés, il n'en est pas de même de leur groupement. Nous utilisons toujours les mêmes mots, et la plupart de nos formules ne sont que des clichés: Mais ces clichés sont groupés différemment suivant les circonstances, et on pourrait faire consister l'art ou l'habitude d'écrire dans le talent d'utiliser opportunément le mot ou le cliché connus de tous. Ainsi l'apprentissage consiste bien à multiplier les automatismes, mais encore plus à celui que la réflexion nous ferait choisir. Bref, la perfection de l'habitude serait, non pas de se passer d'intelligence, mais, au contraire, d'en pénétrer si intimement notre activité spontanée que nous n'ayons plus besoin d'y faire appel; de rendre son exercice si aisé qu'il devienne inconscient.
* à suivre *
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