La perfection de l’habitude ne consiste pas davantage dans la suppression de tout effort : l’habitude de faire effort et de maintenir compte parmi les plus importantes. De plus, cette habitude de l’effort se rencontre, quand on sait bien observer, dans un très grand nombre d’autres habitudes fort diverses. Il reste un certain effort chez le chauffeur le plus expérimenté qui ne s’abandonne jamais totalement à la contemplation du paysage et ne suit que d’une oreille la discussion qui a lieu derrière lui. La tricoteuse, dans un groupe qui bavarde, se réserve, c'est-à-dire qu’elle réserve une partie de son attention par le travail automatique auquel elle se livre; si, à un moment donné elle veut prendre à la conversation une part plus active, elle laisse son tricot, la discussion ne permettant pas un effort partagé – l’habitude ne supprime donc pas l’effort : elle supprime seulement les efforts maladroits, permet de réduire la tension à sa mesure la plus juste, et, par là, évite, non seulement la fatigue, mais encore les « râtés » de l’activité automatique fréquents chez les novices, précisément parce qu’ils sont trop tendus. Elle atténue moins l’effort que le sentiment de l’effort et, par là, la conscience même de faire effort. En définitive, il est des habitudes qui rendent l’effort plus aisé et plus sûr et contribuent ainsi à son développement, et non à sa disparition.
Habitude et volonté ne sont pas nécessairement des forces antagonistes tendant à s’annihiler l’un l’autre. Au contraire, dans une certaine mesure, elles se prêtent une aide efficace, et la volonté collabore à l’activité habituelle, tout comme l’habitude est, dans bien des cas, un secours précieux de l’activité volontaire.
Un grand nombre d’habitudes, nous l’avons dit, n’ont été acquises que grâce à un effort volontaire prolongé. Mais il ne faudrait pas croire qu’une fois acquises elles subsistent par elles-mêmes, indépendantes de la volonté. Elles ont coûté si cher que l’on ne saurait s’en désintéresser. Le sportif est soucieux de se conserver en forme, le tireur de ne pas perdre sa rapidité de visée, la pianiste de ne pas laisser ses doigts s’engourdir : si l’habitude péniblement acquise se maintient, c’est grâce à un effort diffus de volonté.
Habitude et volonté ne sont pas nécessairement des forces antagonistes tendant à s’annihiler l’un l’autre. Au contraire, dans une certaine mesure, elles se prêtent une aide efficace, et la volonté collabore à l’activité habituelle, tout comme l’habitude est, dans bien des cas, un secours précieux de l’activité volontaire.
Un grand nombre d’habitudes, nous l’avons dit, n’ont été acquises que grâce à un effort volontaire prolongé. Mais il ne faudrait pas croire qu’une fois acquises elles subsistent par elles-mêmes, indépendantes de la volonté. Elles ont coûté si cher que l’on ne saurait s’en désintéresser. Le sportif est soucieux de se conserver en forme, le tireur de ne pas perdre sa rapidité de visée, la pianiste de ne pas laisser ses doigts s’engourdir : si l’habitude péniblement acquise se maintient, c’est grâce à un effort diffus de volonté.
* à suivre *
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