Il est possible, à ce propos, de citer une anecdote : pendant une réunion à l’hospitalisation – ces réunions régulières sont en général assez tendues mais n’ont rien d’un « groupe de violence » - les hospitalisés se plaignaient, comme très souvent, de l’ennui et du vide des journées. Il y avait là quelques vrais durs et quelques vrais joueurs. Constatant notre impuissance à inventer quelque chose pour les tirer de cet ennui, ils se mirent à évoquer leurs propres solutions en la matière : « On pourrait s’amuser à monter des plans de dope » dit l’un. « Ah ouais, avec un bon baston, on se met ensemble et on se fait les encadrants » renchérit un deuxième. « Un coup de roulette russe, ça c’est quelque chose… » dit un autre. Cette escalade dans l’évocation de violences potentielles se doublait de clins d’œil complices, et d’une manière de nous faire sentir comment nous autres, pauvres soignants, n’avions pas accès à ces sentiments d’élite procurés par le « baston » ou la roulette russe…N’ayant guère en effet le cran de laisser la tension monter en restant silencieux, j’entrepris de les distraire en leur racontant une histoire. En l’occurrence, celle de ce jeune garçon un peu simplet qui possédait comme caractéristique remarquable de ne pas savoir ce qu’était la peur et qui, désireux de découvrir ce qu’il en était, partit passer la nuit avec des cadavres de pendus, qu’il tenta de réchauffer, puis dans une maison hantée où il se retrouva avec des fantômes, des assassins, un mort-vivant, etc…
* à suivre *
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