« Mwen sé pitite Bon Dié » : « je suis enfant de dieu ».
C’est la forme de la dépression situationnelle. Le malade vit des situations difficiles, les stresseurs sont nombreux mais il ne se laisse pas abattre. Il conclut comme Job dans les Écritures : « Vous m’avez tout donné, Vous m’avez tout enlevé, que Votre saint nom soit béni ». Attention cependant à l’écueil linguistique : si cette phrase de Job, en créole : « Mwen sé pitite Bon Dié », est traduite mot pour mot : « Je suis enfant de Dieu », on risque de conclure que ce malade se prend pour Jésus-Christ et de diagnostiquer une psychose paranoïde, ce qui serait une erreur diagnostique qui entraînerait un traitement aux neuroleptiques avec les conséquences désastreuses que l’on connaît.
Le sujet s’exprimant ainsi n’est pas paranoïde. Il vit avec difficulté ses malheurs (perte d’objet d’amour, insécurité financière), mais il exprime un espoir : ses malheurs prendront bientôt fin.
Vignette #5 (dépression sans espoir)
C’est la forme clinique qui correspondrait le plus à la dépression psychotique. Elle est caractérisée par des plaintes témoignant de la souffrance morale, mais l’individu n’est pas nécessairement triste. Il est fatigué de lutter contre « le sort » et a adopté une attitude de résignation sachant qu’il est « condamné ». Cela se traduit même dans son discours objectif; il décrit ses malheurs, ses luttes inutiles menées pour s’en sortir et conclut avec logique qu’il n’y a plus rien à faire et que son sort ne changera jamais. Dans ce cas aussi, l’expression facile peut ne pas être affectée de façon apparente.
* à suivre *
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