Vie et mort sont indissociables, s’entre-nourrissent et pourtant sont irréductiblement ennemies. La riposte à la mort est elle-même source de nouvelles morts qui, à leur tour, sont nourricières de nouvelles vies. Une partie de la vie est mort, une partie de la mort est vie. Vie et mort forment un couple intense de lutteurs/amants, se vidant l’un dans l’autre jusqu’à épuisement de leur étreinte. Mais le caractère primaire de la vie est de subir la mort, le second de l’utiliser. C’est dire que la vie est non seulement dialectique, mais tragique : l’existence n’a pas de happy end.
On peut certes noyer la mort en noyant l’individu-sujet dans l’espèce, dans le cycle des générations, dans l’éco-système, dans la biosphère. Mais des millions d’espèces sont mortes, des milliards de cycles ont été brisés, et la biosphère elle-même subira la mort dans sa totalité lorsque le soleil tiédira, s’echauffera ou explosera. La mort opère une brèche irrationnlisable dans la vie, et sa bouche d’ombre constitue un aspect radical de la complexité vivante.
* à suivre *
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