L’exemple de la dépression, en comparaison avec celui de la colère, montre une position contrastée entre les Nord-Américains et certains peuples non occidentaux. Cette fois, ce sont les Nord-Américains qui sont envahis d’un sentiment de honte lorsqu’ils sont forcés d’exprimer un vécu de dépression. Ils se sentent alors déroger à l’idéal du « Tu dois être heureux » et ils considèrent ce sentiment comme une perte d’espoir (Lutz, 1982). L’attitude des Amérindiens habitants les Andes de l’Équateur est bien différente. Ils considèrent la tristesse et la dépression qui l’accompagne parfois comme la conséquence d’un malheur qui leur arrive ou comme le résultat d’un tort qui leur est fait. La communauté réagit alors en tentant d’identifier la personne qui a causé les torts et en l’invitant à faire amende honorable (Tousigant, 1982). La personne triste n’a pas à se sentir coupable de son manque d’énergie et de vitalité puisque le tort est projeté sur l’entourage. La situation est similaire du côté des Ifaluk chez qui on constate que la dépression a la même fonction que la colère chez les Américains : elle est un sentiment moral qui se manifeste lorsqu’on est offusqué (Lutz, 1982); on ne se gêne aucunement pour le faire savoir en sachant que cette confidence ne suscitera aucun doute quant à son équilibre psychique.
* à suivre *
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