Délires
Les délires sont des idées fausses ou des interprétations erronées des événements et de leur signification. Une personne peut, par exemple, se faire accidentellement bousculer dans le métro et conclure qu’il s’agit là d’un complot gouvernemental pour la harceler. Elle peut être réveillée par le bruit que fait son voisin d’appartement et décider que c’est une tentative délibérée pour perturber son sommeil. Chacun a tendance à interpréter les événements en fonction de lui-même et à se tromper sur leur sens, particulièrement pendant les moments de stress et de fatigue. Toutefois, ce qui caractérise le schizophrène, surtout au cours d’un épisode aigu, c’est sa ferme conviction et son incapacité à envisager la possibilité d’autres explications pour les événements vécus. Les tentatives faites pour le raisonner ou pour l’amener à donner d’autres significations à la bousculade et au bruit nocturne n’ont habituellement pour résultat que de renforcer sa conviction que l’intervenant fait lui aussi partie du complot. Essayer de raisonner une personne en état de délire ne fait qu’accroître sa méfiance ou sa colère. Elle tient tenacement et contre toute raison à des idées que, généralement, personne d’autre ne partage. En d’autres mots, la personne en cause est la seule à y croire.
La famille, les amis du patient doivent avant tout se rendre compte que le délire est causé par la maladie et qu’il ne s’agit pas d’entêtement ou de stupidité. Bien que les délires obsédants soient énervants, il faut éviter les réactions émotives ainsi que les sarcasmes et les menaces. Il y a presque toujours quelque chose dans une idée délirante qui permette d’user d’empathie avec le patient.
Par exemple : « Se faire bousculer dans le métro est très désagréable ». Vous devez avoir l’impression que tout le monde est indifférent, que personne ne fait attention, que vous n’êtes pas assez important pour mériter un « pardon » ou un « excusez-moi ». (L’idée d’être au centre d’un complot orchestré par le gouvernement vient probablement, en partie du moins, de la crainte d’être un individu vraiment dépourvu d’importance ou de valeur.) Ou encore : « il est terrible de se faire réveiller la nuit. C’est tellement difficile de se rendormir. Cela vous enlève toute votre énergie. Si vous croyez que votre voisin est malveillant envers vous, il est important d’être fort et en bonne santé. » (Ce raisonnement peut persuader une personne de consulter un spécialiste de la santé ou de faire augmenter la dose de ses médicaments afin d’être forte et en mesure de parer aux ennuis causés par autrui. Il est efficace d’agir ainsi que de dire : « Tu délires, du devrais voir un psychiatre »)
Il y a aussi une autre approche qui consiste à éviter les stimuli déclenchant les idées délirantes. Si l’usage du métro aux heures de pointe donne lieu à des expériences qui suscitent des idées de persécution, il est possible de l’éviter. L’apparition d’idées délirantes, qu’elles soient des idées de persécution ou des idées de grandeur (se croire exceptionnel), indique habituellement qu’il y a une activité trop intense ou des émotions trop fortes et peut-être trop de monde autour du patient.
Exemple : « Je crois que je suis Jésus ».
Réponse inutile : « C’est complètement illogique; tu es fou. »
Réponse utile : « Je pense que tu te sens vraiment spécial et différent aujourd’hui. C’est peut-être à cause de toute l’excitation qu’il y a ici. Essayons de réduire notre train-train quotidien à un minimum au cours des prochains jours ».
Si la personne, quoiqu’elle fonctionne bien sous l’effet de ses médicaments, persiste à parler d’idées délirantes déjà survenues, la réponse suivante pourrait aider : « C’est ta façon de voir les choses. Je t’ai expliqué que je n’étais pas d’accord. Entendons-nous pour dire que nous ne sommes pas d’accord. » (C’est une réponse qui reconnaît son point de vue tout en mettant fin à une discussion inutile.).
* à suivre *
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