jeudi 29 octobre 2009

FORUM DE DISCUSSION SUR LA PENSÉE DE LEIBNIZ - 1e partie

Forum de discussion sur la célèbre formule de Leibniz : « il n’y a rien dans l’intelligence qui ne vienne de la sensation (ou mieux de l’expérience), si ce n’est pas l’intelligence elle-même. »

L’enfant, à sa naissance, n’est pas plus instruit que l’animal : il n’a même pas autant de ces savoir-faire innés que sont les instincts. Il devra tout apprendre en regardant, en écoutant, en palpant, en prenant conscience de ce qui est agréable et de ce qui fait souffrir : il devra expérimenter. Mais, étant doué d’intelligence, il pourra connaître la raison des faits qu’il expérimente et prendre conscience des vérités de raison, loi de toute pensée et condition de tout progrès.

PLAN
Expliquer et discuter la formule de Leibniz : « Rien n’est dans l’intelligence qui n’ait été auparavant dans les sens, si ce n’est l’intelligence elle-même. » (Grenoble, juin 1939)

INTRODUCTION – Le grand débat philosophique du XVIIe siècle fut celui de l’origine des idées ou principes de la raison. Vers la fin du siècle, Leibniz proposa, comme transaction, la formule suivante : « Rien n’est dans l’intelligence qui n’ait été auparavant dans les sens, si ce n’est l’intelligence elle-même. » Que signifie cette formule et quelle est sa valeur ».

I. La meilleure explication de la pensée de Leibniz sera de la situer par rapport à celle des philosophes entre lesquels il veut réaliser un accord.

A. Descartes avait soutenu l’existence d’idées innées, pour l’acquisition desquelles l’expérience serait inutile.
B. A l’opposé, Locke prétendait que l’expérience suffisait à expliquer la formation de toutes les idées.
C. Leibniz accorde à Locke que l’expérience est la condition nécessaire de l’apparition des idées, mais non la condition suffisante; car il est nécessaire aussi – et par là, raison est donnée à Descartes – d’avoir l’intelligence et les idées qu’elle contient virtuellement ou inconsciemment et que l’expérience fait seulement passer de la virtualité ou de l’inconscience à l’actualité ou à la conscience (La statue d’Hercule dans le bloc de marbre).

II. Discussion :
A. Prise en elle-même, la formule de Leibniz : a) paraît bien rendre compte à la fois des faits sur lesquels s’appuyait Descartes et de ceux qu’alléguait Locke (Cf. Foulquié, Précis, II, 246, 258); b) toutefois il semblerait préférable de dire : « tout ce qui est dans l’intelligence vient des sens, mais l’intelligence est une faculté distincte des sens. » Seulement cette formule n’exprimerait pas la pensée de son auteur. L’intelligence dont il est question à la fin de la phrase (« si ce n’est l’intelligence elle-même ») n’est pas, en effet, la faculté de comprendre, mais l’ensemble des idées de l’intelligence ou de la raison que Leibniz, fidèle cartésien, considère comme innées.

B. C’est pourquoi, si elle est interprétée comme la comprenait Leibniz, cette formule ne peut être retenue. Le recours à l’innéisme est une explication paresseuse à laquelle on doit ne recourir qu’à défaut d’autre hypothèse. D’autre part, il est bien difficile de comprendre en quoi consiste l’innéité des idées.

CONCLUSION. Nous ne retenons donc pas la théorie leibnizienne de l’origine des idées. Mais nous conservons, en l’interprétant à notre manière, qui est d’ailleurs la manière classique, la formule qu’il en a donnée et qui fournit la meilleure réponse au problème qu’il en a donnée et fournit la meilleure classique, la formule qu’il en a donnée et qui fournit la meilleure réponse au problème discuté : « Rien n’est dans l’intelligence qui n’ait été d’abord dans les sens, si ce n’est l’intelligence elle-même », c’est-à-dire la faculté de comprendre et de saisir les rapports qui existent entre les données des sens.

* à suivre *

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