Dans ce processus, le réel n’est plus effacé au profit de l’imaginaire, mais au profit du plus réel encore. Il faut surtout faire plus vrai que vrai. La disparition de la scène fait disparaître le spectacle, le jeu et l’illusion. Tout devient visible et il n’y a plus de secret : il faut connaître tous les ingrédients qui entrent dans un produit; le quotient intellectuel de chacun; trouver la fonction exacte de chaque lobe du cerveau; des satellites espions nous observent; votre vie sexuelle est sujet de discussion publique, quand ce n’est pas d’exposition pornographique; et si vos cheveux sont teints ou votre cœur en plastique, tôt ou tard on l’apprendra. Il y a là une fantastique illusion d’une transformation radicale de ce qui avait traditionnellement été la culture : le partage collectif du secret, du simulacre, de l’illusion, la maîtrise des apparences et la complicité dans le mensonge. La culture serait devenue le partage du réel et de la véracité.
Ce qui fait dire à Baudrillard :
Dans un monde où l’énergie de la scène publique, l’énergie du social comme mythe et comme illusion (dont l’intensité est maximale dans les utopies) est en voie de disparition, le social se fait monstrueux et obèse, il se dilate à la dimension d’une niche, d’un corps mammaire, cellulaire, glandulaire, qui, jadis, s’illustrait dans ses héros, et aujourd’hui s’indexe sur ses handicapés, ses tarés, ses débiles, ses asociaux, dans une gigantesque entreprise de maternage thérapeutique. (1983 :79)
* à suivre *
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