lundi 5 octobre 2009

Punkitude - 9e partie

Structures élémentaires de la punkitude

Grandeur et décadence de la punkitude


Nous avons essayé de donner dans le première partie un aperçu des traits distinctifs de la punkitude. La comparaison avec le dandysme de Baudelaire nous a permis de dégager un des éléments fondamentaux de la vision du monde de ces nouveaux dandys : le culte du paraître, du futile, face à l’impossibilité d’être. Refusant la tentative idéaliste de bâtir une autre société, les punks se campent dans le présent. Un terme qu’ils utilisent souvent pour se qualifier eux-mêmes, avec une connotation provocatrice mais positive, nous en apprend plus long sur leur philosophie : décadent, décadence. On organise à Paris des fêtes se référant à la décadence dans la Rome antique où la tenue obligatoire est la toge. Plus simplement, racontant une fête plutôt réussie, on dira : c’était complètement décadent.

Que signifie cet éloge de la décadence? Il s’agit, me semble-t-il, de reprendre les valeurs de notre société de consommation : tape-à-l’œil, artificiel et éphémère, en les poussant jusqu’à l’absurde. Mais en refusant de formuler un autre projet, en dansant un po-go infernal et dionysiaque sur les ruines de Babylone, les punks, dans le bruit et la fureur, s’érigent en effet-miroir. Choisissant, à une époque de crise de notre capitalisme occidental, d’être les décadents par excellence, ils rendent la honte plus honteuse en la livrant à la publicité. Ceci n’est qu’une face de la construction de leur identité par opposition à la société urbaine de la deuxième moitié du Xxe siècle dans laquelle ils vivent. Pour aller plus avant dans l’analyse de la spécificité punk, il nous paraît nécessaire de nous intéresser aux autres mouvements marginaux, de sous-cultures des jeunes des vingt-cinq dernières années. Il nous semble en effet, et c’est ce que nous tenterons d’établir, que les sous-cultures et marginalités sont organisées en systèmes et que, comme Lévi-Strauss l’a montré en s’appuyant sur les acquis de la linguistique, plutôt que de rester au niveau des termes (traits descriptifs de la culture punk) il nous faudrait décrire les relations entre les termes (relations entre cultures rocker, hippy, gauchiste, punk…), et mettre en valeur les couples d’opposition.

* à suivre *

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