Pour comprendre toute l’importance du rôle social pour l’équilibre de l’être humain, il faut voir que l’homme établit son identité à partir d’expériences valorisantes. Depuis son enfance, il s’est donné des valeurs sociales, a justifié ses actions et a constitué sa personnalité en assumant différents rôles sociaux. L’individu atteint souvent le sommet de son processus de socialisation vers la fin de sa vie active, période qui coïncide souvent avec le retrait du marché du travail. Du jour au lendemain, il est obligé de laisser tomber une partie des rôles qui constituaient jusque-là le pivot de son existence. Cette réalité entraîne souvent un choc psychologique, celui de la remise en question de sa propre identité.
Cette théorie de l’activité ne fait pas l’unanimité et elle a fait l’objet de nombreuses critiques. Premièrement, il n’est pas étonnant que le retraité se retrouve exclu, dans notre société, d’un bon nombre d’activités sociales valorisantes car les attentes à son égard ne sont pas clairement définies. Sans consensus social quant aux rôles des retraités et en l’absence de lignes de conduite régissant l’activité des personnes âgées, il n’est pas surprenant qu’elles s’intègrent difficilement à un nouveau style de vie, à un environnement humain en marge de la vie active. Si l’on évitait l’exclusion sociale des retraités, il serait sans doute possible de valoriser la période de la retraite comme toute autre étape du cycle de la vie. Lauzon, 1980, p. 5, dit à ce sujet : « Le bonheur à la retraite est fonction de l’engagement et de la participation du retraité à la vie de la société ».
Deuxièmement, la perte du pouvoir financier ne permet plus au retraité de s’engager dans des activités dispendieuses. Il s’agit là d’une réalité qui a toute son importance. De la même manière, le déclin de la santé des personnes âgées les incite souvent à abandonner ou à diminuer certaines activités, ce qui est particulièrement le cas de retraités issus des classes défavorisées. En effet, comme le soulignait Guillemard, 1977, p.81 : « La très faible espérance que ces retraités ont d’actualiser d’autres conduites que la retraite-retrait condamne les retraités des classes populaires à une vieillesse échec. »
En troisième lieu, signalons qu’une étude, effectuée auprès des résidents d’un village du sud de la Californie et dirigée par Bengston, Lemon et Peterson en 1972, montrait que seules les activités sociales entre amis étaient source de satisfaction dans la vie de ces personnes. Le fait d’avoir un confident entraînant aussi des effets positifs sur leur bonne forme psychologique. Mais l’étude révélait aussi que le maintien d’uns relation intime était plus important que de simples interactions sociales ou le maintien d’anciens rôles sociaux dans la prédiction de la bonne forme psychologique. Les chercheurs Havighurst, Neugarten et Tobin (1975) ont contesté la théorie de l’activité dans sa formulation initiale, alléguant que la dimension personnalité y avait été complètement négligée. Ils ont souligné que le fait d’être seul et isolé constitue, pour certaines personnes, un mode de vie, et que la retraite ne suscite pas de changements sur ce plan. Pour eux, la vie continue et apparaît tout aussi satisfaisante après le début de la retraite qu’avant.
En somme, la documentation pertinente à la théorie de l’activité permet d’établir l’existence d’un lien plus ou moins étroit entre la forme psychologique et le niveau d’activités. Cependant, elle ne permet pas d’affirmer que l’activité est un moyen qui garantit automatiquement l’adaptation à la retraite et au vieillissement.
* à suivre *
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