Qui a dit que la vieillesse était un naufrage!
Vieillir en l’an deux mille pose les mêmes défis que dans les siècles passés. Ceux qui vieillissent aujourd’hui se rendent vite compte que la première condition pour bien vieillir est toujours la même, rien n’est changé : il faut apprivoiser la perspective de son propre vieillissement.
Apprivoiser la vieillesse signifie se réconcilier avec cette idée, ne plus en avoir peur pour arriver à l’accepter. Observons ceux qui vieillissent mal, ils ne sont pas rares. La plupart du temps, point n’est besoin d’une analyse bien poussée pour découvrir la cause de leur échec : ils n’acceptent pas de vieillir.
Apprivoiser la vieillesse pour l’accepter. Mais de quelle acceptation s’agit-il ici? Se résigner à vieillir ne suffit pas. On se résigne à un mal inévitable et comment serait-il possible d’envisager un bonheur propre à la vieillesse si l’on en avait une vision aussi négative? La vieillesse est une saison du cycle de la vie, et pourquoi ne pourrait-on pas l’accepter comme on a pu accepter les âges précédents : l’accepter parce qu’on y voit quelque chose de positif et de désirable?
N’est-ce pas ainsi qu’on a pu un jour accepter sa jeunesse, son enfance ou même sa maturité? Accepter sa jeunesse, c’était entreprendre de la vivre à fond, jusqu’au bout; c’était aller chercher tout ce que la vie avait mis en réserve pour nous dans cet âge. Un jour, au tournant de la trentaine, nous avons pu quitter nos vingt ans sans trop de nostalgie, si nous pouvions à ce moment nous rendre à nous-mêmes ce témoignage : j’ai vraiment vécu ma jeunesse!
Pourtant notre jeunesse ne fut pas exempte de difficulté, d’obstacles ni même de souffrances. Si nous avons bien profité de cette saison de notre vie, c’est que nous avons su trouver notre route personnelle à travers tous les écueils de la jeunesse pour conquérir ses promesses. Il en fut ainsi aux autres âges, et il n’en tient qu’à nous qu’il en soit encore ainsi au temps de la vieillesse. Ce n’est pas un âge facile, probablement que c’est le plus difficile de tous. Mais le défi à relever à cet âge est fondamentalement le même que dans les étapes précédentes du cycle de la vie : pour bien vieillir, chacun doit trouver sa route personnelle à travers les écueils de la vieillesse, pour vivre jusqu’au bout l’expérience d’avoir cet âge et pour aller chercher tout ce que la vie y a mis en réserve. Aussi vrai qu’il a pu avoir un jour le sentiment de vivre intensément son enfance ou sa jeunesse, ou même sa maturité, un vieillard devrait pouvoir se rendre à lui-même ce témoignage : je vis vraiment ma vieillesse!
« La vieillesse est la dernière étape de la vie… » N’est-il pas vrai que nous sommes tellement impressionnés par la première partie de cette affirmation que nous n’entendons qu’elle? « C’est la dernière étape…. » Nous ne prêtons pas attention à la deuxième partie : c’est une étape de la vie, ce n’est pas une étape après la vie. Apprivoiser la vieillesse, c’est apprendre à vivre encore à cet âge.
* à suivre *
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