Nous constaterons, par le biais des recherches portant sur la retraite et ses impacts, que la majorité des personnes arrivant à leur retraite vivent une crise d’adaptation plus ou moins longue selon leur statut social.
De fait, nous observons certaines manifestations de comportement de détresse psychologique chez les retraités qui n’ont plus continué de s’actualiser à travers le registre de comportements prescrits par notre société. Simard (1981) nous explique que les manifestations de peur, d’angoisse et d’inhibition sont liées à la perte d’ancrage économique, social affectif. Après la période d’éclatement du moi, il y a accumulation d’un surplus énergétique ou d’une force personnelle non utilisée, situation entrainant par le fait même des comportements tels que ceux mentionnés ci-haut. La maladie, la dépression, le suicide représentent également des avenues pour ceux et celles qui ne parviennent pas à surmonter la crise de la retraite.
L’absence de miroir signifiant pour le retraité, c’est-à-dire l’absence de points d’ancrage tant sociaux, affectifs qu’économiques, peut également l’amener à développer d’autres mécanismes compensatoires. Par exemple, l’attachement à des objets de tout ordre peut-être considéré comme un symbole représentant le miroir de toute une vie. Ce miroir rappelle à la personne ses origines, son vécu, enfin son moi personnel et social.
L’objet totalisant peut aussi être le logement, seul élément sur lequel la
personne démunie peut exercer son pouvoir et reflet de sa vie passée, affective
et sociale,….l’objet totalisant….peut-être le résumé d’une vie et devenir ainsi
garant d’une identité à la dérive (Simard, 1980, p.27).
Confronté à une rupture dans ses relations avec l’environnement, le retraité n’ayant plus aucune emprise sur ce qui l’entoure peut choisir de développer une relation d’extrême dépendance avec autrui (Corin, 1982). Dans pareil cas, le retraité exigera de la personne choisie, de jouer le rôle de pourvoyeur. De plus, si le retraité vit dans un milieu restreint, il y a lieu de croire que celui-ci tentera de crier à son pourvoyeur sa soif de valorisation, d’estime et d’amour (Simard, 1980, p.27).
À ce sujet, la maladie peut devenir pour l’individu l’unique forme d’expression ou la seule forme de langage établie entre la personne et la société. Toutefois, on note que d’autres personnes sentent le besoin d’élargir leur réseau de relations sociales. Qu’il s’agisse de la famille, des amis ou des voisins, le retraité devra élargir l’accessibilité de ses contacts en terme de proximité et de fréquence de ses rencontres.
Pour le retraité, il semble y avoir un repli de sa sociabilité, repli nettement plus marqué chez l’homme que chez la femme. La place centrale du travail dans la vie quotidienne lui a laissé peu de temps et d’énergie pour développer des relations suivies avec des parents ou des amis, de sorte que le retraité se sent isolé à ce moment précis de sa vie (Corin, 1982 et Delisle 1984).
Lecours et Roy (1982) partagent le même avis en soutenant la faiblesse des relations entretenues avec l’entourage lors de la retraite. Cette observation vient donc appuyer le point de vue de Corin (1982) en fonction de l’isolement social observé chez l’homme.
Enfin, si le retraité n’a pas ou a peu appartenu à d’autres groupes que celui de son travail, certains auteurs pensent que le retraité aura tendance à se replier davantage sur lui-même (Reboul, 1973 et Côté 1980).
Pour la femme, la retraite ne semblerait pas se vivre de la même façon que pour l’homme (Dulude, 1978 et 1981 et Gilligan, 1981). La ménopause amène déjà une mise à la retraite en tant que mère. Atchley (1972) précise que la retraite pour la femme est déjà associée aux départs des enfants et à la période du syndrome du nid vide. Elle doit s’adapter à sa nouvelle situation. Balier (1982) parle de clôture du rôle éducationnel des enfants; ce rôle est par contre souvent réactivé par la présence des petits enfants. Dans un cas comme dans l’autre, nous retrouvons forcément une nouvelle adaptation qui oblige la femme à remplir son temps différemment. Le temps accordé à ses amis et parents augmentera dès le départ des enfants de la maison.
Enfin, mentionnons que Tunstall (1966) distingue quatre formes d’isolement :
-le fait de vivre seul
-l’isolement social, c’est-à-dire l’absence de contacts avec ses semblables
-la solitude
-l’anomie, c’est-à-dire la rupture avec les valeurs sociales globales.
Tout comme Tunstall, Delisle (1984 et 1987) dans La république du silence a fait étude exhaustive du problème de la solitude chez les personnes âgées.
L’isolement s’accentue donc avec l’âge et est souvent invoqué comme cause de perturbations psychiques.
* à suivre *
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