L’approche holistique implique que chaque soignant développe un niveau consistent de maturité spirituelle (Kendall, 1999 : 473). Dans un univers médical où les cadres sont habituellement bien définis, chacun doit se camper dans son rôle. Les responsabilités sont d’apporter d’abord de son bagage personnel et professionnel au mourant et aux proches, mais aussi d’accueillir les demandes spontanées qui peuvent déborder le cadre des soins d’ordre davantage psychosociaux ou relevant du mandat de l’aidant. À ce sujet, les questions d’ordre spirituel devraient être à son agenda, selon certains aidants du milieu, alors que d’autres affirment que cela dépend du degré d’aisance de l’intervenant dans le domaine spirituel et de la nécessité d’aller chercher la personne compétente.
Valeurs et sens
Bref, ce sont des valeurs qui placent la personne humaine, peu importe qui elle est, au centre du dialogue et des préoccupations. Salamagne (dans Gomas, 1993 : 24-31) souligne que la mort apparaît souvent, même pour les soignants, comme un non-sens qui surgit face aux valeurs de la société. Les valeurs de professionnalisation, des spécialisations, de compétence, de maîtrise, de technicisation, entrent en contradiction avec les soins palliatifs où la mort n’est jamais maîtrisée ni apprivoisée. Il est dangereux de donner un sens préfabriqué à ce non-sens. La société, explique-t-elle, ne prédispose pas les individus à reconnaître la mort. Ici, le mourant n’occupe plus aucune fonction, sinon que de demeurer un être vulnérable, fragile, souffrant, laid, qui nous rappelle l’issue fatale de la vie et le sens que l’on peut trouver dans la nôtre. Les valeurs de beauté, de richesse, de réussite, de plaisir et de consommation s’estompent. Lloyd ajoute que la tendance des aidants à définir leur rôle en soins palliatifs par rapport aux valeurs sociétales et organisationnelles les amènent à vivre un conflit fondamental de valeurs (Lloyd, 1997 : 189). Pour le mourant, la fin de sa vie est l’occasion où surgit une crise existentielle de sens. L’absence de sens peut engendrer une souffrance spirituelle que même l’aidant côtoiera :
(…) si la fin de la vie fait naître le désir de parvenir à ce que l’on considère
comme vrai et précieux, ce désir peut faire naître le sentiment d’être incapable
ou indigne d’y accéder. Cette situation peut susciter des sentiments d’amertume,
de colère et d’absence totale de sens, engendrant ce qu’elle appelle une
souffrance spirituelle. (Saunders, 1988, dans Lamau, 1994 : 417).
L’aidant, dans son accompagnement psychosocial, peut amener le mourant à retrouver des valeurs actualisées et à donner un sens à sa vie restante et à sa mort. Cela peut passer par le lien avec la famille, mais aussi en amenant le mourant à identifier dans son bilan de vie les décisions et orientations fondamentales qui ont guidé sa vie et au besoin les ratifier.
* à suivre *
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