La masculinité varie d’une culture à une autre (Mead, 1928) et d’un individu à l’autre. L’identité masculine doit nécessairement s’échapper de la rigidité d’une description définitive saine, on peut avancer qu’il s’agit d’un certain équilibre entre les aspects masculins et féminins sur le plan intrapsychique (Jung, 1951) qui se traduit par des relations interpersonnelles harmonieuses avec les deux sexes. Bien entendu, aucun homme n’est parfaitement conforme à cet idéal. Mais cela ne l’empêche pas d’y aspirer afin de se sentir mieux dans sa peau. Dans cette page, il ne sera question que d’identité masculine hétérosexuelle et issue de la culture occidentale dominante, car les questions d’identités masculines homosexuelles et interculturelles déborderaient du présent cadre. De plus, les concepts des qualités masculines et féminines dans cet article se limitent aux concepts propres à la culture occidentale dominante.
Outre-mère
Le garçon ne passe pas instantanément du ventre maternel au monde « outre-mère » ou au-delà d’elle. Issu de la fusion intra-utérine, il vit, lors des premières semaines qui suivent la naissance, une sorte de prolongation de cet état fusionnel. Du creux de la symbiose mère-fils, le garçon ne se différencie d’elle que tout doucement. Il a d’abord recours à la complémentation sexuelle, plutôt qu’à l’identification sexuelle (Bureau, 1998). Pour la fille, sa relation avec sa mère est à la base d’une identification à son propre sexe (Olivier, 1980). Pour le garçon, sa mère représente en partie une inversion du rôle de mâle qu’il aura à assumer.
Afin de réaliser son identité masculine, le garçon doit prendre certaines distances face à la mère. En ce sens, la proximité de la mère peut être menaçante à son identité masculine (Olivier, 1980). Parallèlement, il a besoin de sa mère et y est attaché au point de ressentir de la nostalgie pour le paradis perdu de l’état fusionnel (Pollack, 1998).
La honte
La honte est un sentiment particulièrement masculin (Pollack, 1998 ; Osherson & Krugman, 1990). Selon Haviland & Malatesta (1981), dès les premiers mois de la vie, les garçons sont non seulement plus expressifs que les filles, mais reçoivent de la rétroaction positive surtout pour l’expression d’affects positifs, ce qui n’est pas le cas pour leurs consoeurs. Les garçons apprennent donc assez rapidement à taire en eux les affects plus négatifs, telles que la tristesse et l’angoisse (pas la colère, par contre). On encourage aussi les garçons, dès les premières années, à se séparer de la mère et à prendre leurs distances du monde féminin (Pollack, 1998, p.11).
Ceci suscite chez le garçon un profond sentiment de honte face à ses affects négatifs et face à sa propre féminité. Il en vient d’ailleurs à associer ses affects négatifs à son féminin intérieur. La honte le détache de ces facettes de lui-même et du même coup les cachent du monde extérieur (Lee, 2000,p.18). Le garçon subit par conséquent une grande solitude affective et une vie intérieure mutilée. Il peut en venir à construire son identité masculine comme un « faux soi » (Winnicott, 1960) afin de répondre aux attentes de son environnement plutôt qu’à ses propres besoins psychiques.
* à suivre *
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