On ne peut pas ne pas signaler deux témoignages remarquables tous deux pour des raisons différentes. D’abord, celui de Thomas Trahant sur l’homosexualité. On sait peu de choses sur le comportement homosexuel. On le voit de loin. On l’imagine surtout et les stéréotypes abondent. L’auteur nous propose donc quelques « portraits » très sensibles et qui ne cachent aucunement ce qui paraît être une banalité dans le monde homosexuel masculin : la multiplicité de l’aventure sexuelle. Mais ce n’est pas tout. On y voit que l’homosexuel masculin s’interroge lui aussi sur sa nature. On le voit chercher des « types » possibles, viables. Puis, le témoignage de Marc Chabot, professeur de philosophie à Québec. Son interrogation est, dans un sens, plus tragique parce qu’il représente l’hétérosexuel masculin majoritaire. Comment l’hétérosexuel peut-il se définir au sein de ce brassage social dont il est le témoin et parfois la victime? Comment résister aux assauts de l’homosexualité, du féminisme…et des autres hétérosexuels qui ne tiennent pas tellement à se poser de questions? Dans une entrevue qu’il a accordée à Marc Chabot, il lui a raconté cette histoire assez révélatrice. Il a prononcé une conférence devant les Gais de l’Université Laval. Le lendemain, participant à une joute de hockey, ses coéquipiers, fort gênés, lui ont demandé s’il était « viré gais ». Mais non! Il n’était pas viré gai. Il acceptait simplement de parler, de se mettre en situation de comprendre et, surtout, de se comprendre.
Plus général est le bel article « lacanien » de Patrick Valas sur la sexualité de l’homme en général. Il se pose la question de savoir si cette nature sexuelle masculine est semblable à la nature féminine. Faisant sienne l’idée de Lacan, Patrick Valas postule une sexualité masculine « perverse ». Il écrit : « La perversion est bien un mode d’exercice du désir où se manifestent toutes les passions humaines, avec leurs nuances, de la honte au prestige, de la souffrance à l’héroïsme… » Il y a beaucoup à dire sur ce sujet. On ne se gêne pas d’ailleurs. C’est pourtant là un domaine du spécialiste qui, lui-même, n’y retrouve pas toujours son latin. Mais il en faut.
Ce petit livre a malheureusement ses propres limites. L’hétérosexualité mâle a imposé son discours durant de nombreux siècles, pour le meilleur et pour le pire. Elle a occulté tout autre discours ou à peu près. L’hétérosexualité masculine serait-elle un « genre épuisé »? On aurait dû traiter de cette question. D’un autre côté, il y a beaucoup de théories dans ces textes et pas beaucoup de choses pratiques. Changer? Très bien! Comment? Si l’on excepte les deux témoignages que j’ai cités, remarquables justement à cause de ça, il n’y a pas grand-chose de concret là-dedans. Quelques statistiques des changements réels (place de la femme dans le marché du travail, évolution de la loi concernant la pratique sexuelle, etc…) n’auraient pas fait de mal.
Les sexes de l’homme participe d’une prise de conscience collective très difficile, surtout pour les hétérosexuels mâles. Cela, il ne faut jamais l’oublier, ni en rire. Il n’est pas toujours facile d’être femme, il n’est pas toujours facile d’être homosexuel. Il n’est pas facile non plus d’être hétérosexuel mâle.
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