La problématique de l’intimidation témoigne nécessairement de la qualité des rapports interpersonnels. Pour les besoins du projet élaboré, elle peut être décrite selon les composantes du tableau 1 : des observations ou manifestations de l’intimidation à l’école, des facteurs explicatifs (causes) de ces comportements, des conséquences appréhendées, et quelques formes d’intervention préconisées pour la corriger.
À l’école, plusieurs enfants souffrent de l’intimidation exercée par leurs pairs. Selon le sondage effectué auprès des enseignantes, des parents et des enfants des trois écoles impliquées dans le projet, « les enseignantes en observent sporadiquement, les parents (40%) disent en avoir des échos, les enfants (70%) disent la vivre. Environ 60% des groupes de chaque école estiment le sujet important, assez pour justifier un projet spécifique » (Meunier). La taquinerie mesquine, la moquerie sont des armes favorites pour l’intimidation, de même que diverses formes de rejet ou d’exclusion. Les conclusions de Simard, Champagne, Magassouba et Hébert vont dans le même sens, chez des jeunes du secondaire cette fois. Souvent un phénomène de groupe, autant chez les filles que chez les garçons mais sous des formes différentes, elle implique des enfants plus âgés s’imposant à de plus jeunes. Les enfants témoins de situations d’intimidation semblent impuissants et réagissent, en premier, en rapportant la situation à l’adulte, selon la consigne en usage. Les enseignantes ne semblent cependant pas à l’aise d’intervenir dans ces situations. Plusieurs (27.3%) estiment ne jamais avoir vu ou eu connaissance d’un élève de leur école se faire intimider par un ou des élèves. La réaction la plus courante est d’aider les élèves à trouver une solution après avoir arrêté le comportement de l’élève qui intimide (36%). En somme, la réponse première à l’intimidation semble être un effort de conciliation, ce qui cadre mal avec ses caractéristiques (un rapport de forces, non provoqué, répété).
Les enfants « expliquent la violence surtout par l’ennui » (Décoste). Les enseignantes la relient aux caractéristiques personnelles de la victime (différente, faible, handicapée…). L’explication première accordée au phénomène de l’intimidation évoque l’image de puissance que les agresseurs cultivent au détriment de leurs pairs. Beaumont notait déjà que « …les raisons pour lesquelles les jeunes ont recours à la violence sont (…) le manque de moyens pour s’exprimer, le manque de surveillance ou d’intervention de la part des adultes, de même que le manque d’activités organisées ». Lorsque requis de s’expliquer, les enfants parviennent mal à énoncer les motifs de leurs comportements (Meunier), faute de compréhension des interactions en cause et faute de mots pour les décrire.
Les agressions physiques et/ou psychologiques, les conflits ouverts, la désignation de boucs-émissaires, l’exclusion sont parmi les conséquences proximales de l’intimidation. La perte d’estime de soi, l’éloignement et le retrait des situations sociales normales en sont des conséquences à moyen terme. Et toute cette « dynamique de perdant » mène souvent sur la route du décrochage scolaire, de la délinquance et de l’exclusion sociale (Bouchard; Hébert; Côté; Simard, Champagne, Magassouba et Hébert).
Diverses formes d’intervention sont suggérées pour contrer l’intimidation des jeunes entre eux (voir Boulton), Smith et Levan, Craig et Pepler). Le projet Violence entre pairs – Solutions communautaires proposées « d’élaborer trois programmes, faciles à gérer et à modifier, qui cherchent à inciter l’empathie, la communication efficace et la collaboration » (Décoste). Pour ce, il propose aux enfants quelques habiletés sociales à travers les loisirs, durant la période du dîner, de sensibiliser tous les acteurs de l’école (direction, enseignantes, enfants, parents) aux diverses facettes de l’intimidation, de développer des groupes d’entraide pour les enfants victimes et les enfants agresseurs, les grandes lignes de ce projet sont ici présentées.
* à suivre *
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