lundi 9 août 2010

FEMME VIOLENTÉE (VIOLENCE CONJUGALE) - 2e partie

L’amour attendu…

Il y a pourtant de doux instants entre eux, de plus en plus rares au fil des années. Dans ces doux instants, ils ont l’air d’avoir oublié qu’hier, le mois dernier ou l’année passée, l’orage violent les avait fait trembler. Et puis, la violence revient en s’insinuant plus ou moins subtilement jusqu’à prendre à nouveau toute la place comme si la violence se présentait à titre d’entité extérieure ou de visite importune qui arriverait alors qu’ils attendaient l’amour. Ils luttent tous les deux contre elle, chacun et chacune selon sa différence, pour qu’enfin elle s’en aille!

Mais la violence reste, suspendue jusqu’au prochain éclatement : il accuse sa femme d’avoir invité l’intruse et ainsi de l’avoir provoqué. L’homme frappe ce qu’il perçoit comme une menaçante ennemie qui aurait pris sa partenaire en otage ou à qui elle aurait volontairement offert refuge. Pour la femme, l’ennemie est en lui, mais elle lui prête néanmoins la gîte en la faisant sienne, comme le partage du pain quotidien. Elle supporte le coup encore une fois; elle refoule sa colère et sa rage assourdies par la peur, jusqu’à se replier à nouveau pour que l’amour, croit-elle sincèrement, puisse triompher puisqu’elle ne le peut pas.

En chaque femme battue, il y a la honte, non plus tellement celle de son image sociale, mais la honte d’avoir été battue. Dans les violentes batailles conjugales, il n’y a pas de gagnants et encore moins de bonnes perdantes! L’amour que la femme attend la distrait de la honte et de la colère qu’elle ne montrera pas à cet homme qui, après sa brève et dérisoire victoire, s’offre à elle repentant et souvent aimant. Ainsi, l’homme violent espère quérir rapidement le pardon auprès de sa partenaire pour un acte qu’il a commis et vis-à-vis lequel il peut éprouver de la culpabilité. Le pardon de sa compagne lui permet souvent l’évitement du sens de responsabilité eu égard à sa violence. Comme le mentionne Robert Philippe :

« Il accuse la femme de le rendre violent. Pourtant, lorsque la même logique
est appliquée, mais à l’inverse ce système de croyance n’est plus fonctionnel :
si elle a le pouvoir de le rendre malheureux et violent, alors comment expliquer
qu’elle n’ait pas le pouvoir de l’empêcher d’être violent? »
Quand on intervient en matière de violence conjugale, on entend très souvent parler d’amour. Tout aussi souvent sans doute, se demande-t-on ce que l’amour peut bien venir faire dans tous ces coups, ces injures et ces menaces? Je n’ai pas encore trouvé de réponse. Mais j’ai la vive intuition que tant qu’on dira, écrira ou chantera que l’amour est bien plus fort que nous, il y aura de la violence conjugale. La violence se manifestera dans ses conséquences désastreuses tant que chacun croira que cette violence vient d’ailleurs, toujours de l’autre ou qu’elle est plus forte que nous…elle aussi.

* à suivre *

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