Certaines populations du globe sont victimes de calamités ou de désastres naturels (famines, ouragans, inondations, tremblements de terre, etc.) qui provoquent leur déplacement forcé. Il s’agit, bien sûr, de situations qui interpellent notre sens de la solidarité humaine. Mais ce n’est pas de ce type de réfugiés dont je désire parler ici.
Les victimes des nombreuses guerres qui affligent encore notre planète risquent de passer par toute la gamme de la violence dont les êtres humains seuls sont capables. Il y a la violence qui frappe de façon aveugle et massive, causant la destruction et la mort sur son passage et il y a les règlements de comptes féroces entre groupes rivaux en quête du pouvoir. Mais les guerres, surtout les guerres civiles, constituent aussi une occasion de dominer par la terreur, ou carrément d’éliminer, des couches entières de la population, sous prétexte de sécurité nationale.
En matière de réfugiés dans le monde, il existe une donnée fondamentale souvent passée sous silence ou oubliée : contrairement aux réfugiés qui arrivent chez nous, la très grande majorité des 15 millions de réfugiés « parqués » dans les pays du Tiers-Monde sont des enfants, des femmes et des vieillards. Ces personnes font face bien souvent à toutes les formes de violence, dont l’agression sexuelle répétée dans le cas des femmes.
Les régimes politiques dictatoriaux (de structure fasciste, communiste ou militaire) n’ont pas besoin de la guerre pour imposer un système répressif axé sur le contrôle autoritaire et l’utilisation de la force brutale contre les classes les plus progressistes du pays, surtout contre tout membre d’un groupe organisé pouvant constituer une menace directe ou indirecte pour le régime en place, comme les organisations syndicales. On assiste, dans ces derniers cas, à l’émergence de la violence érigée en système politique. Seules les personnes qui ont vécu sous de tels régimes peuvent comprendre le climat généralisé de terreur et de méfiance qui s’installe chez les gens.
Voici le témoignage d’une psychiatre uruguayenne qui a vécu directement ce régime de peur :
« Les choses avaient vraiment changé. On ne pouvait plus se promener
tranquillement dans la ville. Il devenait dangereux de sortir sans papiers.
Déjà, nous regardions différemment nos voisins, toute personne de notre
connaissance (…) Le soupçon, la peur, la crainte de la dénonciation nous
envahissaient peu à peu. »
Parmi l’arsenal des moyens très sophistiqués visant le contrôle politique, la torture sous toutes ses formes est largement répandue. Amnistie Internationale trace chaque année la liste interminable des pays qui ne respectent pas les règles élémentaires de justice naturelle, violent les droits humains fondamentaux et pratiquent la torture sur des prisonniers politiques.
Un de mes collègues d’origine salvadorienne, psychologue de formation, a fait un stage dans une prison d’état du Salvador, il y a quelques années. À ce titre, il avait le droit de circuler aussi dans la section des prisonniers politiques qui était bien garnie. Il m’a assuré que le viol comme moyen de torture était couramment pratiqué, non seulement sur les femmes mais aussi sur les hommes, dans un contexte de dérision et dans le but de les casser.
Une autre technique largement utilisée pour briser la résistance des prisonniers politiques, c’est de torturer un enfant ou une femme pour obtenir l’aveu du père ou de l’époux. Il y a aussi le recours à des haut-parleurs pour amplifier les cris des victimes de torture et ainsi terroriser les autres prisonniers. Malheureusement, ces choses ne se passent pas exclusivement dans des films d’espionnage, mais dans la vraie vie et parfois pas très loin de chez nous.
* à suivre *
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